Mike Stern

Voices (2001)

CoverC'est simple, j'aime Mike Stern.  Je l'aime parce que chacun de ses disques est un moment de plaisir, parce que malgré les tentations de la virtuosité il a gardé un vrai sens mélodique, parce qu'il a joué avec le Miles Davis des années 80, parce qu'il a un son et un phrasé qui lui sont propres ce qui permet de l'identifier dès les premières notes (la marque des grands), parce que lors de cette soirée de 1987 ou j'assistais à mon premier concert de Jazz, à Toulouse, j'ai pris une claque par un guitariste qui m'était alors inconnu.
"Voices" est son onzième album et marque un tournant dans sa carrière car c'est sa première intrusion dans le jazz vocal. Accessible et attachant, il y a des tonnes d'idées musicales explorées dans cet opus pour un rendu des plus savoureux. Cette réussite lui vaudra une nouvelle nomination aux Grammy Awards pour le meilleur album de jazz contemporain après celles reçues pour "It's what it is" en 1994 et "Between the lines" en 1996.
Le guitariste/compositeur trempe ici sa plume dans de nombreuses couleurs musicales, mélangeant les styles des chants ethniques de Richard Bona, Elizabeth Kontomanou et Philip Hamilton à son jeu de guitare (phrases lyriques, lignes bebop, intentsite rock), et ce de façon très inventive. Fidèle à son habitude, les thèmes traditionnellement joués à l'unisson entre la guitare et le saxophone sont ici arrangés guitare/voix. La musique jazz flirte avec la pop, l'Afrique, les Caraïbes pour constituer un merveilleux écrin de fusion.
A côté de titres rythmiques comme "One World" sur lequel Richard Bona couche plusieurs fois sa voix pour créer une sorte de chorale, le langoureux "The River", le merveilleux "Spirit" avec son groove africain, on trouve "Still There" ou le luxuriant "What Might Have Been", de magnifiques balades. Des morceaux mid-tempo comme le lyrique "Wishing Well" ou "Leni's Smile" en hommage à sa femme, complètent un album d'une grande homogénéité duquel on ne saurait oublier "Way Out East" qui vient conclure d'éclatante façon un disque de très grande qualité.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Mike Stern, ce talentueux musicien a commencé sa carrière avec Blood, Sweat & Tears avant de rejoindre Billy Cobham puis Miles Davis en 1981 pour trois albums dont le mémorable "We Want Miles". Après avoir tourné deux ans avec Jaco Pastorius il entame une brillante carrière en tant que leader. En parallèle il travaille avec Steps Ahead et forme un groupe avec le saxophoniste Bob Berg. Cette dernière collaboration donnera le jour à d'excellents albums qui sortiront soit sous son patronyme, soit sous celui de Bob Berg. Il rejoindra ensuite les Breckers Brothers et enregistrera avec de très nombreux jazzmen comme Joe Henderson, George Coleman, John Patitucci, Jack DeJohnette, Michaël Brecker, John Scotfield, Bill Frisell, Anthony Jackson, David Sanborn, Roy Hargrove, Dave Weckl, etc. Il a été élu meilleur guitariste de jazz en 1993 et 1997 et a vu cinq de ses albums nominés aux Grammy Awards.
La vidéo proposée (cf. le lien Voir) du fameux "Friday Night At The Cadillac Club" composé par Bob Berg, montre le style de jazz joué par Mike Stern dans les années 90.

Line-up : Mike Stern (guitar) - Jim Beard (keyboards, producer) - Richard Bona (vocals, bass, kalimba) - Michael Brecker (saxophone) - Dennis Chambers (drums) - Vinnie Colaiuta (drums) - Chris Minh Doky (acoustic bass) - Bob Franceschini (saxophone) - Lincoln Goines (bass) - Philip Hamilton (vocals) - Jon Herington (rhythm guitar) - Elizabeth Kontomanou (vocals) - Arto Tunchoyaciyan (percussion, vocals).

écrit par Patrice le lundi 30 août 2010