Du bonheur pour les cages à miel

Mes coups de coeur musicaux pour régaler vos oreilles, parce ce qu'elles le valent bien...

jeudi 05 mai 2022

ROBIN THICKE - On Earth, And In Heaven (2021)

Cover "On Earth and in Heaven" marque le retour de Robin Thicke après 7 ans d'absence. Sept ans marqués par la controverse du hit "Blurred Lines", le drame des tabloïds, les procès, les mariages brisés, un incendie qui a détruit sa maison et la mort de son père. Mais aussi un nouveau mariage et trois nouveaux enfants. Après avoir reconstruit sa vie, Robin Thicke reconstruit sa carrière (pour rappel, il a été nominé 5 fois pour les Grammy Award).

"On Earth and in Heaven" est une agréable plongée dans la bossa nova, la soul et le R&B. Jusqu'alors je n'avais jamais réussi à écouter un disque de Robin Thicke en entier. De grands morceaux mélangés à une offre beaucoup moins stellaire, le tout donnant des opus incohérents. Ici c'est tout le contraire, la qualité des chansons au service d'un thème global (il chante l'amour de sa femme, sa famille et la naissance de ses enfants), fait de "On Earth and in Heaven" un album des plus cohérent, très agréable à écouter et à réécouter.

Robin Thicke livre ici un disque assez exceptionnel avec onze titres qui offrent des variations de styles vocaux, de tonalités et de tempos pour satisfaire toutes nos envies musicales. On retrouve sur toute la durée du CD, la même musique audacieuse, brillante et turbulente qui a été sa marque de fabrique dans le passé.

Extrait : Lola Mia

Extrait : Beautiful

Extrait : That's What Love Can Do


écrit par Patrice le jeudi 05 mai 2022 (x) à 4:56 PM
categories: Soul


lundi 28 mars 2022

AVISHAI COHEN - Two Roses (2021)

Cover Avec "Two Roses", le contrebassiste israélien Avishai Cohen fusionne jazz et musique symphonique. Entouré de son trio jazz et de l’Orchestre Symphonique de Göteborg, le musicien allie la dynamique du jazz et l’expression symphonique qui enrichit la palette de couleurs de ses compositions. Projet ambitieux et abouti, "Two Roses" restitue en effet un bel équilibre entre la puissance de l’orchestre symphonique, la dynamique du jazz et la voix du leader.

Ce n’est pas tant le fait que ce soit un disque accompagné par un orchestre symphonique qui donne à cet album toute son aura et à la musique d'Avishai Cohen un caractère consécratoire, c’est davantage la qualité des détails qui y sont dissimulés. Car l’ensemble symphonique aurait pu noyer la virtuosité de Mark Guiliana et d’Elchin Shirinov pour ne laisser paraître qu’un bloc lumineux mais il n'en est rien. Pour preuve le solo de batterie de Mark Guiliana dans "Emotional strorm", un vrai régal. Ou encore dans le titre éponyme, dans lequel Elchin Shirinov est magistral. Et si vous êtes de nature à vous abandonner à l’enivrement de la beauté, alors plongez dans des pistes comme "Song for my brother", "Alon Basela" ou "Morenika".

Line-up : Avishai Cohen (vocals, acoustic bass, electric bass, minimoog synthesizer) - Elchin Shirinov (piano) - Mark Giuliana (drums) - Alexander Hanson (orchestra conductor) - Göteborg Symphony Orchestra.

Extrait : Two Roses (Shnei Shoshanim)

Extrait : When I'm Falling


écrit par Patrice le lundi 28 mars 2022 (x) à 11:30 AM
categories: Jazz


samedi 16 novembre 2019

URIEL HERMAN - Face to Face (2019)

Cover Pianiste et compositeur de musique classique, diplômé de l’Académie de Jérusalem, Uriel Herman surprend par sa façon unique de fusionner les styles. Avec une incroyable virtuosité, il distille un jazz teinté de rock, de classique, de sonorités klezmer, passant avec un égal bonheur d’une composition originale à un morceau tiré du patrimoine musical israélien ou à une reprise de David Bowie "The man who sold the world" ou de Nirvana "Smells like teen spirit" très éloignées des versions originales, ne gardant ici et là qu'une courte ligne mélodique. Ce lien étroit entre ses racines (musique classique) et l’ouverture sur d’autres répertoires tels que la pop, le rock, « l'israélo sound », définissent un nouveau territoire musical où Uriel Herman excelle.

L'approche plus orientaliste de sa musique fait parfois penser à certains travaux de Keith Jarret ou bien grâce au saxophone et à l'apport de la trompette à ceux de son compatriote John Zorn. Mais Uriel Herman, c’est une autre fougue, une autre approche de l’influence Pop Rock, un toucher délicat, précis, incisif. La mélodie, bien sûr, toujours là, qui vous emmène à la danse, à la contemplation, aux rythmes d’un univers qui vous parait très vite familier et envoûtant.

La démontration fort inspirée de "Face to Face", album sorti sur le Label LABORIE Jazz en début d'année, nous montre qu'il est temps de découvrir plus amplement le travail d'Uriel Herman pour sa modernité et la complexité qui lui sciée.

Cette approche singulière et moderne de la musique, renforcée par la fougue et la dextérité des musiciens qui l’accompagnent, font d’Uriel Herman un des pianistes les plus excitants de la scène actuelle à tel point que son quartet est considèré comme le plus mémorable de la jeune génération de jazzmen. Un coup de cœur et une découverte incontournable.

Line-up : Uriel Herman (piano) - Uriel Weinberger (flûtes, clarinettes, saxophones) - Avri Borochov (contrebasse, oud) - Haim Peskof (batterie).

Invités : Daniel Krief (voix) - Yehuda Shuki Shveiky (voix, guitare) - Aviv Bahar (voix, kopuz, guitare électrique) - Arthur Krasnobaev (trompettes) - Itan Bar-Lavi (guitare électrique) - Maayan Doari (cajon).

Extrait : Shva Esre

Extrait : Winter Light


écrit par Patrice le samedi 16 novembre 2019 (x) à 1:38 PM
categories: Jazz


dimanche 24 février 2019

CLOVER TRIO - Harvest (2018)

Cover Voilà un album à écouter absolument. "Harvest" est le premier album d'un trio de musiciens confirmés, le Clover Trio, dans cette formule du trio guitare, orgue et batterie presque ancestrale, qui a permis d'écrire de si beaux chapitres de l'histoire du jazz, des plus swingants aux plus fiévreux.

Le Clover Trio puise son inspiration dans des influences jazz, pop et rock. Il mise avant tout sur l'élégance, l'équilibre quasi parfait entre chaque instrument, et en portant une importance particulière au son. Le toucher sophistiqué, fluide et puissant de Damien Argentieri (orgue) fusionne avec le jeu subtil de Sébastien Lanson (guitare), empreint de l’esprit de clarté de la côte ouest des Etats-Unis où il a passé dix ans. Sur ce dialogue complice plane le groove naturel de Benoist Raffin (batterie) qui fait de son art une aventure insolite.

De la rencontre entre ces personnalités singulières, naît un univers contemplatif, élégant et intense avec des compositions originales et des relectures de standards du jazz comme "Softly As In A Morning Sunrise" de Romberg/Hammerstein et "Played Twice" de Thelonious Monk ou de la pop comme "Isn’t She Lovely" de Stevie Wonder ou "Imagine" de John Lennon.

L’alchimie entre les trois musiciens est vraiment magique. Ils installent et jouent de cette familiarité due au groove intense qui vous saisit dès l'ouverture. "Harvest" est un bel album.

Extrait : Isle Of Mulobo Berry

Extrait : Isn't She Lovely


écrit par Patrice le dimanche 24 février 2019 (x) à 10:27 AM
categories: Jazz


lundi 23 avril 2018

SNARKY PUPPY - We Like It Here (2014)

Cover Formé en 2004 à l’école de musique de l’Université du Nord du Texas, Snarky Puppy est un groupe de fusion instrumentale basé à Brooklyn, dont le leader est le compositeur, producteur et bassiste Michael League. Le terme groupe n’est d’ailleurs pas le plus adéquat puisque ce ne sont pas moins de 40 musiciens qui gravitent autour cette entité, un collectif à l’identité fortement marquée et qui a déjà séduit Erykah Badu, Snoop Dogg, Marcus Miller ou Roy Hargrove, pour jouer à leur côté. Une réelle fusion des genres, des influences, mais aussi des énergies. Jazz, funk, soul et rock ; cuivres, orgues, percussions, guitares électriques… autant d’éléments qui donnent une incroyable densité et une richesse d’atmosphères à cet ensemble massif.

Focus sur leur huitième album "We Like It Here" enregistré et filmé live dans un studio aux Pays-Bas et devant un public réduit mélangé à une vingtaine de musiciens (je ne peux que vous conseiller d'aller le regarder sur YouTube, trouvable dans son intégralité). Un disque qui transpire l’urgence, la fraîcheur, la virtuosité et nous montre le groupe au moment le plus exploratoire de leur carrière, autant dans le domaine de la composition que de l'improvisation. A titre d'exemple regardez la vidéo de l'incroyable solo de Cory Henry (pianiste, organiste) dans "Lingus". Plus de quatorze millions de vues sur YouTube : au XXIe siècle un solo de synthétiseur peut donc encore faire chavirer les foules.

Egalement à écouter "Culcha Vulcha" publié en 2016 qui a reçu le Grammy Award du meilleur album instrumental contemporain.

Extrait : Shofukan

Extrait : Sleeper


écrit par Patrice le lundi 23 avril 2018 (x) à 10:34 PM
categories: Jazz


samedi 25 juin 2016

STEVE N' SEAGULLS - Farm Machine (2015)

Cover Cette semaine est arrivé entre mes mains cet opus des plus baroques...non !..si, si...j'y crois pas !..laisse-moi te raconter. Steve N' Seagulls est un groupe Finlandais qui armé de leurs salopettes, banjo, mandoline, accordéon, contrebasse, percussions (et même enclume !) font des covers de groupe de Métal. Encore des reprises ? Pas de simples reprises mais de véritables réinterprétations avec de nombreux passages inédits. Si les paroles et les mélodies restent fidèles aux originaux, l’originalité se trouve dans le style musical adopté, un bluegrass énergique et pêchu. Et ma foi, l’ensemble fonctionne plutôt bien, ludique, souriant et frais.

Les reprises que j’ai trouvé réussies et sympathiques : "Thunderstruck" avec son banjo speedé dont l’hyper ventilation compense la démétallisation et "You Shook Me All Night Long" (AC/DC). "The Trooper" repris sur une dynamique de cavalerie particulièrement appropriée et "Run To The Hills" (Iron Maiden). "Over The Hills And Far Away" (Gary Moore), "Cemetery Gates" (Pantera) ainsi qu’un surprenant "Ich Will" (Rammstein) et un "Holy Diver" (Dio) qui chevauche tranquillement.

Mais aussi, avec plus ou moins de bonheur, du moins à mes oreilles : "Black Dog" (Led Zeppelin), "Paradise City" (Guns N'Roses), "Nothing Else Matters" et "Seek And Destroy" (Metallica).

En définitive, ce genre d'album s'apprécie différemment d'une œuvre originale. Steve N' Seagulls fait suffisamment d'efforts pour se démarquer, proposer une recette fraîche et vigoureuse qui transpire la bonne humeur, le savoir-faire et une certaine dose de culot ! Les métalleux purs et durs passeront leur chemin, d'autres y verront un album gadget à sortir à l'occasion des blind tests, d'autres encore y trouveront leur bonheur...durable ?

Extrait : The Trooper

Extrait : Over The Hills And Far Away

Extrait : You Shook Me All Night Long


écrit par Patrice le samedi 25 juin 2016 (x) à 6:07 PM
categories: Folk


samedi 30 janvier 2016

FAADA FREDDY - Gospel Journey (2015)

Cover Avare de chroniques au cours de ces derniers mois, il me faut aller à l'essentiel et vous conter mon coup de coeur de l'année 2015, toutes catégories confondues. Ce qui m'a interpellé ici, c'est l'originalité du projet, qui bien qu'elle ne se suffise pas en elle-même, est un élément important pour qu'un artiste se démarque de ses pairs. Une originalité au service d'un projet mélodieux et profondément musical.

Prouesse artistique, pour avoir été conçu seulement avec des voix et des percussions corporelles en tous genres, une pure onction vocale entièrement rythmée à l’aide des techniques de beatboxing et "body percus" sans que jamais l'absence d'autres instruments ne se ressente, "Gospel Journey" relève aussi le défi de réinventer des chansons que Faada Freddy, auteur de ce projet atypique et réussi, s'est appropriées.

Celui qui reste en parallèle membre du groupe de hip-hop Sénégalais Daara J Family dont il reprend l’un de leurs titres cultes "Borom Bi", a ainsi puisé dans le répertoire de l'Américaine Grace, de la Camerounaise Irma (cover live), de la Française d'origine comorienne Imany, ou encore de son compatriote Sénégalais Wasis Diop. Un répertoire majoritairement constitué de reprises aux ancrages divers, pop, folk, r’n’b et même punk (cover de "Generation Lost" par Rise Against)…

L’artiste brille dans sa capacité à jouer avec les émotions, à confondre le bonheur et la peine comme sur la sublime version de "Truth" de l’Américain Alexander Ebert. La musique soul est la musique de l'âme, ce que ne dément pas le formidable "Little Black Sandals" de l'Australienne Sia ou encore le très joli et subtil "Reality Cut Me With a Knife" composé par Faada Freddy.

Une curiosité sans bornes, influencée par des grands vocalistes comme Liz McComb ou Bobby McFerrin, rend son album précieux à plus d’un titre. Les références y sont vastes comme le monde : chants zoulous, haka néo-zélandais…

Une musique organique, débarassée de tout instrument, qui s'écoute avec le coeur... sans oublier les oreilles.

Extrait : Letter To The Lord

Extrait : Truth

Extrait : Little Black Sandals


écrit par Patrice le samedi 30 janvier 2016 (x) à 11:31 AM
categories: Soul


mardi 03 février 2015

UNITED PROGRESSIVE FRATERNITY - Fall in love with the world (2014)

Cover Fidèle lecteur, tu connais mon appétence pour ce genre musical un peu particulier qu'est le rock progressif. Alors aujourd'hui je vais te conter l'histoire d'un nouveau groupe ou plutôt d'une renaissance. En effet UPF s'est construit sur les cendres du groupe australien Unitopia dont je t'ai déjà parlé en avril 2010 (souviens toi...The Garden, un album fantastique).

On retrouve donc Mark Trueack (chant), Matt Williams (guitare), David Hopgood (batterie) et Tim Irrgang (percussions) comme ex-Unitopia, rejoints par Guy Manning (claviers, guitare, The Tangent), Ian Ritchie (saxo et flute, Roger Waters, Steve Hillage), Marek Arnold (claviers, saxo et clarinette, Toxic Smile, Seven Steps To The Green Door), Dan Mash (basse, The Tangent, Maschine), Steve Gee (basse, Landmarq), Claire Vezina (chant) et en invité Jon Anderson (chant, Yes) sur "The Water", Steve Hackett (guitare, ex Genesis) et Steve Hunruh (violon et flute). Une belle affiche !

La recette de la musique d'UPF est un assemblage réussi de rock, metal, fusion, musique classique, prog symphonique et une belle dose de world. On pourrait croire, à la lecture de cette description, avoir droit à un joyeux foutoir, un truc indigeste, lourd et pompeux. Il n'en est rien. Les parties classiques, rock et world s'imbriquent à merveille, pour former une matière spécifique au groupe. Les longues plages symphoniques alternent avec des riffs puissants ou des sonorités orientales, sur lesquels rebondit un saxo très jazzy. Impossible et inutile d'essayer d'imaginer ou d'anticiper la direction que va prendre un titre au fur et à mesure qu'on l'écoute, car UPF c'est aussi ça : la surprise permanente. Ce rock progressif est très mélodique alliant jazz, percussions, cuivres, un peu de world et toujours une virtuosité qui fait croire que la musique est facile. La voix de Mark Trueack, au timbre si reconnaissable, souffle une émotion palpable tout au long du disque.

On l'aura compris: pas de chansons couplet-refrain pliées en 3 mn chez ces australiens à la forte créativité. C'est innovant et bien sûr c'est toujours très technique. La musique d'UPF est lumineuse, elle scintille et pétille, sans artifices ni poudre aux yeux. Les compositions sont riches en changement d'ambiances et de tempos, les longs développements ponctués de sonorités parfois exotiques. Ici un violon arabisant évoquera les secrets de l'Orient, là des percussions ethniques nous rapprocheront des pulsations primales. Ces touches sonores colorées, que l'on retrouve dans les autres titres de cet opus, sont exploitées sans parcimonie dans le morceau de bravoure de l'album, "Travelling Man" qui étale sur près de 22 mn des trésors d'inventivité.

Chez UPF rien n'est surfait, surjoué ou déplacé. La très belle surprise de cette fin d'année 2014.

Extrait : Intersection

Extrait : Travelling Man


écrit par Patrice le mardi 03 février 2015 (x) à 10:14 PM
categories: Rock Progressif


jeudi 11 décembre 2014

JENNIE ABRAHAMSON - The Sound Of Your Beating Heart (2012)

Cover Coup de coeur pour cette artiste suédoise découverte à l'occasion du concert de Peter Gabriel à Toulouse. Show au cours duquel elle assurait les choeurs et quelques lead vocaux comme sur le sublime Don't Give Up, mais aussi une émouvante première partie en compagnie de la violoncéliste Linnea Olsson.

Jennie Abrahamson joue du piano, des claviers, du marimba et de la harpe. Mais ce qui m'a immédiatement séduit c'est sa voix. Une voix à la Kate Bush et pourtant tellement singulière.

La musique de cet album est une pop raffinée, délicatement orchestrée avec des chœurs et des sons électroniques pour des titres rythmés et d'autres plus calmes. Les rythmiques et les mélodies sont recherchées et peuvent être autant complexes qu'accessibles. Un univers musical entre Kate Bush et Laurie Anderson (période Strange Angels).

Cet album doit également beaucoup à la chanteuse / violoncéliste Linnea Olsson qui contribue à la fois aux cordes et aux backing vocaux sur la quasi-totalité de l’album. Le résultat est un écrin haut de gamme autour de la voix de Jennie Abrahamson. A consommer sans modération.

Egalement à écouter : Lights (2007), While The Sun's Still Up And The Sky Is Bright (2010), Gemini Gemini (2014)

Extrait : Wolf Hour

Extrait : She Don't Lie

Extrait : A Better


écrit par Patrice le jeudi 11 décembre 2014 (x) à 9:17 PM
categories: Pop


lundi 07 avril 2014

HALF MOON RUN - Dark Eyes (2013)

Cover Il y a des musiques qui nous tombent dessus, sans qu'on soit allé les chercher, elles déboulent dans nos oreilles à un moment inattendu avec un univers tellement abouti que l'on a envie de les faire partager. Ce qui charme à la première écoute est sans aucun doute les harmonies de voix mélancoliques que les quatre membres de la jeune formation synchronisent à la perfection et qui vous donnent des frissons. Ajoutez des arrangements recherchés et complexes créant une ambiance planante et enivrante marquée par des envolées musicales structurées, et vous obtenez un folk indie tinté de rock et d’électro. L'audace de ces canadiens est de mettre en perspective une folk pure, très simple (guitare sèche, voix doublées) avec des parties instrumentales beaucoup plus pop et des rythmiques proches de l’électro.

Pourtant rien de révolutionnaire, pas de refondation de la musique moderne, pas de bouleversement de l’ordre des notes. Ils maîtrisent les savoirs anciens sur le bout de leurs doigts, citent Leonard Cohen, Dylan, les Beatles ou Fleetwood Mac comme influences primordiales. Mais les évolutions plus modernes irriguent tout autant leurs veines. Car ici on pense à Arcade Fire, aux Fleet Foxes, à Midlake, à Jeff Buckley, à Radiohead.

Un album qui balaye large en terme de styles mais pour un résultat homogène, puissant et extrêmement prometteur. Une musique qui vient remettre tout le monde à sa place en rappelant de la plus belle des manières que le talent n'a pas fini d'être exploré, et que Half Moon Run nous a remis sur la voie...

Line up : Devon Portielje (Lead Vocals, Guitar, Percussions), Conner Molander (Add Vocals, Guitar, Keyboards), Dylan Philips (Add Vocals, Drums, Keyboards), Isaac Symonds (Percu, Guirar, Mandolin, Keyboards)

Extrait : Full Circle

Extrait : Call Me In The Afternoon

Extrait : Nerve


écrit par Patrice le lundi 07 avril 2014 (x) à 10:31 PM
categories: Folk


vendredi 15 novembre 2013

RAPHAEL GUALAZZI - Happy Mistake (2013)

Cover Depuis Paolo Conte, les artistes italiens (Eros Ramazzotti, Laura Pausini, Zucchero) qui ont rencontré un certain écho dans notre hexagone répondent tous au format variété avec un peu de pop, un peu de rock. Raphael Gualazzi, qui vient de fêter ses 32 ans, est un pianiste et chanteur qui appartient à la platène jazz. Un jazz joyeux imprégné de soul et de pop comme en témoigne son troisième et dernier opus, "Happy Mistake" sorti sur le prestigieux label Blue Note, un disque qui fait du bien.

C’est plein d’humour et d’énergie, ça parle anglais et italien, ça donne la pêche et souvent envie de se dandiner.

Après le sage titre d'ouverture "Baby What's Wrong", presque trop sérieux pour figurer au menu d'un album revigorant, son nouveau morceau emblématique, le tres swing "Don't Call My Name" aux accords de piano bastringue en guingois, part rapidement en vrille vers un gospel déjanté. De quoi émoustiller les sens pour la suite qui se révèle éclectique entre la chanson traditionnelle "Un Mare in Luce" (voir la vidéo), le magnifique duo "L'Amie d'un Italien" avec la chanteuse française Camille en virée transalpine, le sprint mélodique "Senza Ritegno" et l'instrumental "Questa o Quella Per Me Pari Non Sono".

Album joyeux et sans gras, "Happy Mistake" se laisse dévorer d'une traite et offre d'autres moments forts comme l'irrésistible "Seventy Days of Love", la grande ballade romantique "Sai (Ci Basta in Sogno)", le bluesy "Welcome to My Hell" avec The Puppini Sisters ou le fellinien "Improvvisazione Su Temi di Amarcord". En grand maître des ambiances, Gualazzi enchante et rassasie. Un vrai bonheur.

"Happy Mistake" est une suite de chansons jazz en ébullition, un album spontané aux ambiances très diverses. Un morceau soul brûlant, un mambo, puis une balade extrêmement mélancolique, la trompette et le swing ne sont jamais loin. L'écriture est imparable avec, pour ancrage, ce jeu de piano stride, typique du jazz apparu à Harlem dans les années 20. Pour apprécier cet album, aimer le piano n'est pas indispensable mais ça peut aider...

Egalement à écouter : Reality & Fantasy (2011).

Extrait : Don't Call My Name

Extrait : Senza Ritegno

Extrait : Mambo Soul


écrit par Patrice le vendredi 15 novembre 2013 (x) à 9:28 PM
categories: Jazz Vocal


samedi 24 août 2013

OMAR SOSA - Eggun (2013)

Cover Omar Sosa est un pianiste cubain virtuose aux notes plein les doigts. Ce disque est à l’origine une commande de 2009 du festival de Barcelone pour célébrer le cinquantenaire du "Kind of Blue" de Miles Davis dont la popularité n'a fait que croître depuis cinquante ans. Et il y a du Miles Davis, indéniablement, ne serait-ce que dans la trompette ou le bugle de l'Allemand Joo Kraus qui se mêle aux effluves latines envoyées par les compagnons d'Omar Sosa tandis que les saxophones, clarinette et flûte de Peter Apfelbaum et de Leandro Saint-Hill bercent avec sensualité le rythme des claves. Puisque nous en sommes à évoquer les musiciens qui accompagnent Omar Sosa sur ce projet, citons Pedro Martinez, John Santos et Gustavo Ovalles aux percussions, Marque Gilmore à la batterie, Childo Tomas à la basse et les guitaristes Lionel Loueke et Marvin Sewell sur quelques pistes.

Kind of Blue” n’est qu’un prétexte pour le pianiste cubain qui invente une toute autre musique tout en incorporant certains motifs mélodiques du chef-d’œuvre de Miles Davis. En fait, il tourne autour de son modèle sans ployer sous le poids de la révérence ni s'engluer dans le conformisme d'une lecture fidèle. Très réussi, son disque atypique révèle un compositeur arrangeur très inspiré. Le pianiste économise ici ses notes, pratique un jeu modal lui permettant de poser de belles couleurs sur une musique lumineuse et planante, bâtie sur des rythmes caribéens de sa conception, ramenant le jazz à ses origines africaines.

La richesse instrumentale qui inonde les plages, au nombre desquelles le sensuel "Alejet" dont l’introduction reste un démarquage habile de "So What" et le doux "Madre Mia", ne se départit jamais de lignes harmoniques ou de phrases dont l'évidence apparaît instantanément. "El Alba" déploie sa mélodie féérique sur un tapis sonore percussif tandis que l'ouvrage, cubain en diable dans le diptyque "Angustiado" et "Rumba Connection" ou africain d'origine dans "So All Freddie", revient par moments à l'exercice (la reprise de "Alternativo Sketches") pour mieux affirmer sa différence.

Les multiples détours pris par "Eggun" sont à l'image des voyages au long cours entrepris depuis son illustre aîné. Une ferveur incroyable se dégage de cet album car la musique d’Omar Sosa est très profonde, presque mystique et habitée par les lointains souvenirs fantasmés de l’Afrique des origines. Cet opus ne s’écoute pas d’une oreille distraite et personne n'en sort vraiment indemne. En même temps ce n'est que de la musique.

Extrait : Alejet

Extrait : So All Freddie

Extrait : Angustiado


écrit par Patrice le samedi 24 août 2013 (x) à 5:09 PM
categories: Jazz


mardi 16 juillet 2013

SOUND OF CONTACT - Dimensionaut (2013)

Cover Nouveau venu dans le paysage progressif, Sound Of Contact livre un premier opus mariant avec réussite, pop et progressif. En grattant un peu, ces petits nouveaux ne le sont pas tant que ça puisque l’on retrouve aux claviers le sound designer Dave Kerzner (qui a travaillé avec Jon Anderson, Steve Hackett et sur des répétions de Genesis), Kelly Nordstrom (guitares et basse), Matt Dorsey (guitares et basse) et Simon Collins, fils de Phil et batteur / chanteur comme papa. Ajoutons à cela Wells Cunningham au violoncelle sur cinq titres, une belle idée le violoncelle, et Hannah Stobart de Wishing Tree qui fait une apparition au chant et nous aurons été exhaustif. C'est un peu idiot mais la seule présence de ce fils de, attire la lumière des projecteurs sur ce groupe. Et il faut reconnaitre qu'il s'en sort plutôt bien avec un timbre de voix moins aigu que celui de Phil mais parfois assez proche, ce qui est assez troublant. Son jeu de batterie est excellent, alliant à la fois efficacité et technicité, au point qu'il a beaucoup d'importance dans cette musique cohérente, fluide et qui séduit dès la première écoute.

L'album ouvre par deux instrumentaux, petits chef d'œuvres de rock progressif. Le premier "Sound Of Contact" très typé Porcupine Tree au gré des harmonies aussi bien vocales que musicales suivi du magistral instrumental "Cosmic Distance Ladder" transpirant le progressif par tous ses pores (voir la vidéo). Le ton est donné, ça joue, ça groove, ça pulse ! "Pale Blue Dot" montre une qualité mélodique indéniable. "I Am Dimensionaut" calme le jeu et son refrain est lui aussi imparable, avant une montée en puissance jouissive. L'influence pop se fait plus présente sur les tubes en puissance que sont "Not Coming Down" ou "Closer To You". Les balades ne sont pas oubliées à l'image de l'enchanteur "Beyond Illumination", la similitude entre les voix du père et du fils est frappante. La participation d’Hannah Stobart nous offre un sublime mariage vocal totalement envoûtant. "Only Breathing Out" s’envole très haut et impressionne par tant de subtilité et de puissance mélodique. "Realm Of In-Organic Beings" paie son dû au Pink Floyd avec une ambiance aérienne et des vocalises célestes à la "The Great Gig In The Sky". Les dimensions progressives reprennent le dessus en fin de disque avec "Omega Point" et surtout le long et épique "Möbius Slip". Collins et sa bande envoie 19 minutes de bruitages, d'atmosphère de science-fiction , de mélodies chamarrées qui font immédiatement penser à la grandeur de "Watcher Of The Skies" de Genesis.

Sous des allures conceptuelles futuristes, "Dimensionaut" s’avère être une magnifique fusion d’un progressif à l’ancienne avec des éléments modernes, le tout enveloppé dans une pop d’une redoutable efficacité et des mélodies à tomber. Ce disque risque de ne pas quitter vos oreilles pendant un bon bout de temps.

Extrait : Not Comming Down

Extrait : Remote View

Extrait : Beyond Illumination


écrit par Patrice le mardi 16 juillet 2013 (x) à 9:55 PM
categories: Rock Progressif


vendredi 07 juin 2013

DEEP PURPLE - Now What ?! (2013)

Cover Voici une surprise de taille, surprise qui ne vient pas tant du fait que ces vétérants sortent là leur 19ème opus (encore que) mais bien que cet album relève de l'excellence. Une mouture étonnamment variée tant au niveau des structures que des couleurs proposées, percutante voire même carrément excitante.

Quelques évidences s'imposent rapidement. La voix de Ian Gillan, si elle ne monte plus aussi haut que jadis, est posée et son feeling rock est intact ce qui lui permet de mettre en avant l’interprétation plutôt que la performance. Autre point, c'est la liberté donnée à Don Airey particulièrement mis en valeur sur une majeure partie des morceaux et qui démontre là qu'un clavier à toute sa place dans un groupe de rock. De bout en bout, ses dialogues avec un Steve Morse dont la finesse a peu d'équivalent à l'heure actuelle, sont un apport décisif. Le rôle de ce dernier reste évidemment primordial, notamment sur l’effrayant "Vincent Price" (voir la vidéo, le premier clip du groupe depuis 20 ans) sur lequel les sonorités horrifiques sont largement mises en avant. Enfin il ne faudrait pas minimiser le rôle de Roger Glover, impérial avec sa basse ronde et groovy qui permet de porter les riffs et de leur donner de la profondeur, et de Ian Paice qui apportent un souffle jazzy et progressif à l’ensemble. Un Ian Paice qui n’a rien perdu de son groove, notamment sur "Out Of Hand" ou sur l’intro "Bonhamesque" de "Body Line".

Du côté des compositions, les deux premiers morceaux font appel à la nostalgie des années 70 avec le son typique du Purple, dans un tempo de la sérénité de ceux qui n’ont plus rien à démontrer et une approche mélodique inspirée. Aux sonorités orientales d'un "Out Of Hand" qui évoque la chaleur nord africaine alliée à celle du Rock, succède un énergique boogie "Hell To Pay" dont l’intro rappelle le classique "Highway Star". Ce titre tient un rôle de pierre angulaire, marquant l'entrée dans la substance la plus dense de l'album.

Après le groovy "Body Line" typé hard blues, on plonge dans la tétralogie la plus progressive de "Now What ?!". Les breaks se font plus dynamiques et plus surprenants. Cela commmence par le Yessien "Above And Beyond" suivi d'un "Blood From A Stone" dans lequel le jeu jazzy de Don Airey rappelle les lignes de Ray Manzarek dans "Riders On The Storm". Arrive alors l'aérien "Uncommon Man" qui démarre dans une ambiance "Grand Bleu" avant de se transformer en une évocation de bataille médiévale. Ce morceau sent l'influence Emerson, Lake and Palmer. Le cycle se termine par un "Après Vous" dénué de scories, certainement un futur classique du groupe, un hard blues progressif jubilatoire théatre d'une bataille guitare/claviers où aucun des deux ne cède. A son écoute on ne peux s'empêcher de penser à l'album de Flying Colors, un super groupe auquel collabore Steve Morse, chroniqué dans ce blog il y a environ un an.

L'aventure se poursuit par un très commercial "All The Time In The World" sauvé par un magnifique solo de guitare. Lui succède l'inquiétant "Vincent Price", morceau baroque sur lequel le groupe a déversé tout ce qu’il imagine pouvoir trouver dans un bon film d’épouvante.

Conclusion "Now What ?!" est un album varié et soigné qui met l’accent sur le savoir-faire, tout en étant chaleureux et gorgé de feeling. A la fois vintage et moderne, Deep Purple nous offre le fruit d’un groupe uni, complice, qui déborde de partout d’un bonheur musical communicatif. Une réussite à placer dans les meilleurs enregistrements de ce band de légende.

Line-up : Ian Gillan (chant), Steve Morse (guitare), Don Airey (clavier), Ian Paice (batterie) et Roger Glover (basse).

Extrait : Out Of Hand

Extrait : Blood From A Stone

Extrait : Après Vous


écrit par Patrice le vendredi 07 juin 2013 (x) à 6:02 PM
categories: Rock


jeudi 09 mai 2013

CELINE BONACINA TRIO - Open Heart (2013)

Cover Céline Bonacina est une sorte de funambule céleste qui a jeté son dévolu sur un instrument rare et peu banal au son chaud et grave, le saxophone baryton. Mais sa singularité est ailleurs que dans l’instrument : elle est dans son cœur de musicienne ouverte à tous les chants. Son troisième disque "Open Heart" est un album frais et authentique, aux sonorités riches à l'image de ses voyages entre métropole, Océan Indien et Afrique.

Après deux albums couverts d'éloges "Vue d'en Haut" (2005) et "Way of Life" (2010), "Open Heart" est moins immédiat que son prédécesseur qui nous avait plongé dans un bain funky des plus réjouissant, remember "Zig-Zag Blues" ou "Wake Up". Ce troisième opus part à l'aventure du côté d'un jazz aux multiples reflets, tour à tour tribal (la jungle de "Wild World", les dunes venteuses de "Desert" sur lequel Céline trompe son baryton préféré avec un beau soprano), cool ("Bayrum" avec un vibraphone aérien et percussif, le lunaire "Pierrot", la très belle mélodie rêveuse de "Watch Your Step"), cérébral ("Souffle d'un songe" inspiré de la première Gymnopédie d’Erik Satie, "So Close So Far" avec une superbe intro évanescente, une super ligne de basse, une mélodie d’une douceur infinie et la voix surnaturelle de Himiko Paganotti) et touchant au sublime dans les numéros de lévitation vocales de "Circle Dance" et "Snap The Slap", telles des incantations divines.

La tonalité grave de l'instrument lui permet de jouer avec les contrastes et de nuancer sa profondeur avec le timbre cristallin du vibraphone ou du glockenspiel tenu par Pascal Schumacher ou les vocalises célestes de Himiko Paganotti notamment entendue sur le "Song of Freedom" du guitariste Nguyên Lê qui est d'ailleurs le directeur artistique de l'album. La basse électrique de Kevin Reveyrand, la batterie de son fidèle partenaire Harry Ratsimbazafy et les percussions de l'invité de marque Mino Cinelu complètent le tableau d'un album placé sous le signe de l'inventivité et du bonheur autour de compositions fort bien troussées et d'une grande liberté.

Sur "Open Heart", Céline Bonacina interprète un jazz aéré, d’une grande richesse sonore par l’utilisation intelligente du re-recording, technique qu'elle utilise également sur scène. Bien entourée, elle sait installer des mélodies simples aux atmosphères parfois étranges avec des vocalises qui font contrechant au développement instrumental en les soulignant, quand elles ne l’enflamment pas comme dans le final de "Desert".

Line-up : Céline Bonacina (saxophones baryton et soprano) - Kevin Reveyrand (basse) - Harry Ratsimbazafy (batterie)

Invités : Himiko Paganotti (voix) - Pascal Schumacher (vibraphone et glockenspiel) - Mino Cinelu (percussion) // Bonus track : Michael Wollny (piano) - Lars Danilsson (basse)

Extrait : Circle Dance

Extrait : Watch Your Step

Extrait : So Close So Far


écrit par Patrice le jeudi 09 mai 2013 (x) à 10:28 PM
categories: Jazz


lundi 08 avril 2013

NADEAH - Venus Gets Even (2012)

Cover Voici un album délicieusement décalé, pas une pépite mais un excellent disque résolument tendance et atypique. Ancré dans un passé type cabaret rétro-chic, la belle australienne charme admirablement nos oreilles avec une musique jazzy et cool.

La première chanson "Odile" (voir la vidéo) fait démarrer l’album sur les chapeaux de roue dans un esprit qu’on retrouve plus tard sur l’autre très bon morceau "Hurricane Katrina" où l’intensité du piano, des cuivres et des cordes oscille et, accompagné des chœurs, monte crescendo. Ces deux chansons entraînantes sont tout de suite irrésistibles tout comme "Whatever Lovers Say" avec son rythme pop rock, le seul de l'album.

À côté de titres riches et denses, on trouvera des moments bien plus sensibles et dépouillés comme "Suddenly Afternoons", "Song I Just Wrote" ou encore "Tell Me", au travers desquels la voix, remarquable par ailleurs, se fera presque murmure.

Mais Nadéah sait aussi dépasser ces influences pour déstructurer ses chansons atteignant une sorte de summum sur "Scary Carol", l'une de mes préférées, qui voit le spoken-word lancinant des couplets se mêler à des refrains héroïques et très dansants.

Un disque bourré d’émotions aux arrangements absolument remarquables qui mettent en valeur les chansons plutôt que de palier à un manque, comme c'est souvent le cas.

Extrait : At The Moment

Extrait : Scary Carol

Extrait : Hurricane Katrina


écrit par Patrice le lundi 08 avril 2013 (x) à 10:34 PM
categories: Alternatif


samedi 02 mars 2013

MUMFORD & SONS - Babel (2012)

Cover L'hiver a été rude, une véritable disette musicale jusqu'à que cette galette n'atterrisse par le plus grand des hasards sur ma platine. Et là, en moins de trente secondes je me suis retrouvé dans une ambiance pub anglais et Guinness coulant à flot. "Babel" est un enchaînement plutôt intelligent de chansons rapides et de chansons moins denses et plus aérées qui constituent un véritable souffle et font baisser un peu la pression pour pouvoir mieux la remettre ensuite.

On entre directement dans le vif du sujet avec trois premiers morceaux, dont "I Will Wait" sorti en single (voir la vidéo), aux allures de singles joyeux et à l'ambiance country apportée par le banjo. Des rythmes rapides et sans temps mort. De la douceur ensuite avec des titres comme "Ghosts That We Knew" et "Reminder" et ce qui est à mon sens la marque de ce groupe : des petites ballades, mélange de sensibilté, de force et de mélancolie, qui finissent par des envolées musicales comme sur "Lover Of The Light", "Hopeless Wanderer", "Below My Feet" et "Broken Crown". Envie de danser, taper du pied, pleurer ou juste fermer les yeux et savourer.

La voix rocailleuse, mélancolique et agréable de Marcus Mumford mais aussi l'énergie et la frénésie rythmique multi-instrumentiste de chacun des titres vous feront aimer ce renouveau de la musique Folk-Rock-Bluegrass. Le quatuor londonien est parvenu à allier puissance et subtilité avec une finesse apportée par cette voix reconnaissable entre mille.

Du coup je suis retourné chez mon disquaire pour découvrir leur premier album, plus cérébral mais également très bon. Et là, il m'apprend qu'à la surprise générale ils ont gagné le 10 février dernier le grammy award du meilleur album 2012 tous genres confondus pour "Babel". Recevoir une récompense de cette prestigieuse académie américaine, équivalente de nos Victoires de la Musique mais en plus crédible, est une véritable reconnaissance mondiale.

Egalement à écouter : Sigh No More (2009).

Extrait : Babel

Extrait : Broken Crown

Extrait : Below My Feet


écrit par Patrice le samedi 02 mars 2013 (x) à 2:51 PM
categories: Folk


lundi 19 novembre 2012

BOBBY McFERRIN - Vocabularies (2010)

Cover C'est à un instant d'éternité, à un moment de grâce a cappella, qu'aujourd'hui je vous convie. Aux antipodes de ce que l'on peut écouter jour après jour à la radio, l'artiste du tube planétaire "Don’t Worry, Be Happy" (1988) et aux dix Grammy Awards revient après 8 ans de silence avec un projet ambitieux qui a nécessité sept ans de travail. C'est aussi un des albums les plus complexes jamais réalisés. Les voix des 50 chanteurs, tous de haut niveau, ont été enregistrées individuellement ou en petits groupes avant d'être assemblées afin de créer un choeur virtuel et c'est ainsi plus de 1400 pistes vocales qui ont été captées pour les sept pièces du programme, le mixage a dû être sympa ;-).

Ce disque emprunte à une large palette d'influences, allant de la musique classique à la world music, du R&B au gospel et au-delà, à tout ce qui contribue depuis longtemps à façonner le style innovant de McFerrin. Les textes mêlent le latin, l'italien, le sanskrit, le zoulou, l'espagnol, le russe, l'hébreu, le portugais, le mandarin, le japonais, le français, l'arabe, l'allemand, l'anglais, le gaélique ainsi que la propre langue inventée par Bobby. Leur signification littérale est secondaire par rapport à la richesse sonore créée par des harmonies qui changent constamment. Bien que les voix prédominent, des instruments ont été ajoutés avec parcimonie au premier rang desquels des percussions jouées par Alex Acuña (ex. Weather Report) ou programmées par Roger Treece, le producteur de l'album.

Les sept compositions sont toutes définies par leur aspect ludique et leur rythme contagieux. Les différents choeurs répartis suivant les tessitures basse, ténor, alto et soprano forment des harmonies éblouissantes sur lesquelles la voix lead de Bobby McFerrin mais aussi d'autres solistes tels que Janis Siegel (Manhattan Transfer), Lisa Fischer étoile du R&B et la star Brésilienne Luciana Souza, surfent avec bonheur.

De "Baby", pièce en ouverture, au recueillement liturgique "Brief Eternity" en clôture hypnotique, en passant par la légèreté brésilienne et le sens de la percussion indienne dans "Say Ladeo" (voir la vidéo), les extases vocales de "He Ran For The Train" et le safari en Afrique avec "Wailers", Bobby McFerrin nous offre une célébration kaléidoscopique de la voix humaine pour une musique toujours en mouvement.

Line-up : Bobby McFerrin and over 50 amazing singers (Roger Treece, Lisa Fischer, Joey Blake, Kim Nazarian, Janis Siegel, La Tanya Hall, Luciana Souza, etc...) - Alex Acuña (percussion) - Donny McCaslin (saxophone) - Pedro Eustache (woodwinds) - Roger Treece (percussion, synthesizer programming, producer).

Extrait : Baby

Extrait : Wailers


écrit par Patrice le lundi 19 novembre 2012 (x) à 5:22 PM
categories: Jazz Vocal


mercredi 31 octobre 2012

CHRISTIAN SCOTT - Christian Atunde Adjuah (2012)

Cover Après son dernier album "Yesterday You Said Tomorrow", plébiscité par la critique et classé disque de l'année 2010 par certains, le trompettiste Christian Scott revient sur le devant de la scène avec un ouvrage monumental, un double-album tout à fait remarquable qui rassemble 23 compositions originales, soit près de 2 heures de musique. Laissons de côté la mégalomanie du jeune homme (29 ans - il se fait désormais appeler Christian Atunde Adjuah, un nouveau nom censé revendiquer un manifeste identitaire, celui d’un indien noir de la Nouvelle Orléans) pour se concentrer sur la musique.

Dans ses notes de pochette, Christian Scott écrit que l'on entendra sur cet album "un déploiement du jazz et non son remplacement". Il est vrai qu'il redéfinit la carte du jazz en embrassant la tradition avec sa propre vision de la modernité où l’acoustique se marie à l’électro dans une sorte de grandiloquence. Impressionnant, le trompettiste l’est par son jeu. Il fait étalage d’une spectaculaire technique. Certainement l’un des meilleur trompettiste du monde.

Dans le premier disque, la trompette occupe une large place au sein d’une instrumentation qui la met presque constamment en valeur. Insolent, tendre, fiévreux, Scott séduit par un jeu cuivré aussi puissant que lyrique. Influencé par le rock, le funk et le hip-hop, son jazz repose sur des inventions rythmiques, des métriques inattendues qui place le groove au cœur de sa musique. Guitare et piano participent à cette mise en rythme et prennent peu de chorus.

Dans le second, guitare, piano et invités se font davantage entendre. La guitare sur "The Berlin Patient", l’un des titres les plus rock de ce répertoire, sur "Jihad Joe" et "Bartlett". Le piano sur le funky "Alkebu Lan", très présent dans "Liar Liar", "Bartlett", "I Do", pièce lente et majestueuse composée par Scott à l’occasion de ses fiançailles et dans laquelle le saxophone ténor de Kenneth Whalum III assure de magnifiques contre-chants et le dernier morceau de l'album, la magnifique "Cara", une pièce modale lente, limpide, lumineuse composée par Scott pour sa mère, la conversation pudique et tendre de deux instruments inspirés.

Christian Scott signe ici une œuvre personnelle et riche. Une certaine spiritualité qui peut ne pas émouvoir mais qui fascine de bout en bout pour celui qui se donne le temps d'écouter ce double album fleuve.

Line-up : Christian Scott (trumpet) - Matthew Stevens (guitar) - Lawrence Fields (piano) - Kristopher Keith Funn (bass) - Jamire Williams (drums).

Guests : Kenneth Whalum III (tenor sax) - Corey King (trombone) - Louis Fouche (alto sax).

Extrait : New New Orleans

Extrait : Danziger

Extrait : The Berlin Patient


écrit par Patrice le mercredi 31 octobre 2012 (x) à 12:22 AM
categories: Jazz


dimanche 30 septembre 2012

PAT METHENY - Unity Band (2012)

Cover Retour de Pat Metheny à un format jazz plus classique, avec ce quartet composé du saxophoniste ténor (et clarinettiste basse) le plus excitant de l'heure Chris Potter, du jeune contrebassiste très actif Ben Williams et du batteur Antonio Sanchez, son compagnon favori pour ses trips jazz. Avec ce 46 ème disque sous son nom, c'est la première fois depuis la sortie en 1980 de "80/81" que le guitariste enregistre avec un saxophoniste.

"Unity Band" est un album brillant qui délivre un véritable foisonnement harmonique, sautillant sans respect aucun des étiquettes. Le guitariste y déploie avec aisance toute sa palette, électrique, acoustique (à la guitare harpe Pikasso 42 cordes, 4 manches conçue pour lui) et synthétique. Il nous confronte à ses différentes sources d’inspiration au travers de neuf nouvelles compositions séduisantes, complexes, parfois émouvantes, tantôt brésilienne, tantôt folk, tantôt strictly jazz et groovy, ce qui est sa marque de fabrique.

Pour mener à bien son projet, il peut compter sur la solidité éprouvée de sa cellule rythmique, et surtout sur la brillance du jeu de Chris Potter, jamais pris en défaut d’inspiration ni d’engagement physique dans le travail du groupe. Pat Metheny, de son côté, crée la fluidité par son phrasé et installe à tout moment sa petite lumière par son attachement à des mélodies qui nous sont devenues presque familières.

La machine tourne à merveille, et les impuretés ne sont pas de mise. Le quartet trouve les clés de l'épanouissement et marque sa volonté de livrer une musique aboutie. Par-dessus tout, c’est bien Chris Potter le vrai détenteur du pouvoir de séduction, par sa verve, sa faculté d’habiter chaque note et d'insuffler de la vie dans une musique qui, sans lui, serait peut-être un peu trop lisse et distante. Grâce à lui, on se dit que Pat Metheny a eu bien raison de ne plus bouder le saxophone après tant d’années.

Egalement à écouter : Still Live Talking (1987) - Secret Story (1992) - Imaginary Day (1997) - We Live Here (2005) - Orchestrion (2010).

Extrait : New Year

Extrait : Signals

Extrait : Breakdealer


écrit par Patrice le dimanche 30 septembre 2012 (x) à 1:47 PM
categories: Jazz


samedi 14 juillet 2012

DAVE MATTHEWS BAND - Big Whiskey & the Groogrux King (2009)

Cover En cette fin d'été une nouvelle rubrique "les disques à éviter" a failli voir le jour, tellement j'en ai écouté de mauvais au cours de ces deux derniers mois. Aussi je me suis résolu à combler une grave lacune en vous parlant enfin du Dave Matthews Band, le plus grand groupe américain en terme de tournées et de chiffres aux USA de ces dix dernières annees, devant les Springsteen et autres U2.

Le Dave Matthews Band est un "band" dans le sens veritable du terme. Dave Matthews (guitare et chant), LeRoi Moore (saxophone), Stefan Lessard (basse), Carter Beauford (batterie) et Boyd Tinsley (violon) ont créé le groupe en 1991 à Charlotteville (en Virginie). Les amateurs de jam Band notamment (très populaires aux US) ont très vite accroché à son mix de pop, rock, jazz&blues, des plus aguichants. En un rien de temps, sa réputation est devenue une valeur sûre lui permettant de remplir des stades entiers en ralliant les amateurs de rock et de jazz au même concert. La marque de fabrique du Dave Matthews Band, ce sont les longs "jams" qui étirent les chansons jouées en spectacle jusqu'à plus de 20 minutes. La grande diversité des morceaux interprétés lors d'une tournée caractérise également le groupe.

Mais en France, qui connait le Dave Matthews Band ? La période estivale étant propice aux sondages en tout genre, amusons nous. Qui parmi vous, fidèles lecteurs de ces chroniques, connait ce groupe ? Pour ne parler que de "Big Whiskey & the Groogrux King", alors que l’album sort en France dans la plus grande indifférence, il rentre directement à la première place du Billboard 200 et s’écoule à plus d’un million d’exemplaires en moins de deux mois. Ce tout nouvel album du Dave Matthews Band est paru suite à une période assez difficile pour le groupe, consécutive au décès de leur saxophoniste LeRoi Moore suite à un accident de Quad durant les sessions d'enregistrement. Dave Matthews et ses musiciens ont donc décidé de faire appel à Jeff Coffin pour achever le travail de Moore, lequel apparaît cependant sur la plupart des titres. Cet album, sans aucun doute l’un de leurs plus réussis (nominé aux Grammy Awards 2010), lui est dédié.

Comme de coutume, le Dave Matthews Band convie ici l'auditeur à un véritable festin sonore. Plusieurs titres ne manquent pas d'imprégner directement la mémoire comme "Shake Me Like a Monkey" avec son air chaloupé et ses ruptures de rythme, "You & Me" ou encore "Spaceman". Mais aussi "Funny The Way It Is", sorti en single, pour son arrangement jazzy, LeRoi Moore, Stefan Lessard et Carter Beauford ayant une formation jazz.

L'album transpire aussi de mélancolie comme sur "Lying In The Hands Of God". Même s'il est plus rythmé, "Why I Am" tisse aussi sa trame dramatique. Un des morceaux les plus intrigants est l'énigmatique "Squirm" qui prend des allures incantatoires avec sur la fin une ambiance très Led Zeppelin façon "Kashmir", un orchestre se joingnant à la fête. Cela amplifie les arrangements qui développent une grande puissance. Une vraie perle qu'on se passerait bien en boucle ! "Time Bomb" est une autre perle, un mélange de mélancolie et de rébellion face à un monde devenu fou.

Ce nouvel album du Dave Matthews Band est à la fois varié et accessible, imprégné d'une âme profonde qui vous saisit par les tripes. Le splendide livret, signé Dave Matthews lui-même, vous guidera durant le voyage. Vous y ferez une foule de découverte. Laissez-vous entraîner dans leur trip, vous ne le regretterez pas !

Egalement à écouter : Tous les autres disques (9 albums studio et 12 en live, ça devrait vous occuper un moment).

Extrait : Shake Me Like a Monkey

Extrait : Why I Am

Extrait : Squirm


écrit par Patrice le samedi 14 juillet 2012 (x) à 9:43 AM
categories: Rock


mercredi 20 juin 2012

LARS DANIELSSON - Liberetto (2012)

Cover En ce début d'année, le bonheur en jazz nous est venu du froid et plus exactement de Suède. En vérité ce disque illustre parfaitement le jazz européen d’aujourd’hui. Ce magnifique album est le fruit de la rencontre entre le suédois Lars Danielsson à la basse et au violoncelle qui a joué et enregistré avec John Scofield, Jack DeJohnette, Mike Stern, Charles Lloyd, Terri Lyne Carrington, Leszek Możdżer (cf. la vidéo), Alex Acuña, John Abercrombie, Bill Evans, Kenny Wheeler, Rick Margitza et Niels Lan Doky pour n'en citer que quelques uns, le trompettiste norvégien Arve Henriksen, le suédois Magnus Östrom aux baguettes, batteur du regretté E.S.T. ce groupe de jazz suedois devenu mythique décapité alors qu'il était au zénith de son art et de sa popularité, l’anglais John Parricelli à la guitare et le pianiste virtuose arménien Tigran Hamasyan.

L'inspiration mélodique et l'invention permanente sont remarquables tout au long d'un album qui tend par moment vers un jazz de chambre libéré de toute contrainte stylistique. On oscille, avec cohérence et sens de la structure, entre le jazz, le classique, le folk et l'improvisation libre. Avec ses jolies ballades oscillant entre gaieté et mélancolie, "Liberetto" nous immerge dans un folklore intégrant les modes orientaux de Tigran, dont la retenue est exemplaire, à l’écriture imprégnée de tradition suédoise de Danielsson. Une réelle complicité entre les deux musiciens transparait, leur dialogue est fluide et intense, leur musique spontanée et naturelle.

Il faut également mentionner l'apport artistique des autres musiciens et notamment de Magnus Östrom, le batteur orphelin de E.S.T. qui, par son jeu de balais incisif, sublime des mélodies pop sculptées dans un matériau musical typiquement nordique. Sur le titre "Svensk Lat", qui étonnamment a été composé par Tigran, on retrouve la même pulsation, vitale et énergique, que sur certains titres du trio le plus célèbre de ces vingt dernières années. La trompette d’Arve Henriksen, qui s’inscrit dans la lignée des trompettistes lyriques scandinaves et dont la réputation n’est plus à faire, électrise les paysages brumeux dépeints par le piano et la contrebasse. Le guitariste anglais John Parricelli, avec son style si subtil, est une vieille connaissance qui date du disque "Tarantella".

Le résultat est passionnant, onirique, envoûtant et nous transporte vers une musique de pure évasion. Il incarne avec éloquence la force tranquille du jazz européen. Pour les amateurs de jazz classique et raffiné.

Egalement à écouter : Tarantella (2009) - Pasodoble (2007) - Libera Me (2006).

Extrait : Liberetto

Extrait : Orange Market


écrit par Patrice le mercredi 20 juin 2012 (x) à 11:47 PM
categories: Jazz


dimanche 03 juin 2012

NDIDI O - The Escape (2011)

Cover Ndidi O (Onukwulu de son vrai nom) est une chanteuse d'origine canadienne, fille d'un batteur Nigérian et d'une danseuse. Sa voie rauque et sa musique absolument inclassable, une fusion de blues, folk, gospel, soul et jazz, m'avaient déjà séduit en 2009 à l'occasion de la sortie de son premier disque européen, une compilation de "No, I never" (2006) et "The Contradictor" (2008) deux galettes qui n’ont pas franchi les frontières de sa terre natale. Avec "The Escape" cette jeune femme encore méconnue a livré un des meilleurs disques de l'année 2011.

Ce nouvel album est aussi frais et entraînant que "Move Together", son prédécesseur. La chanteuse (et guitariste) a mis les petits plats dans les grands en faisant de la musique le langage de ses émotions, évoquant ses envies et ses déceptions dans les registres évoqués ci avant. D'entrée la Canadienne envoûte avec "The Whisper", premier extrait de "The Escape", une fuite enthousiasmante. Elle réussit une fois encore à convaincre avec "On The Metro" dont le clip a été tourné en noir et blanc dans les rues de la capitale française où elle vient de s'installer.

Tout au long des 12 plages qui composent cette échappée, Ndidi privilégie les climats plus acoustiques et un tantinet plus jazzy mettant en valeur sa voix, une sorte de compromis entre douceur et gravité. Elle revisite tout un patrimoine musical allant de la country/folk au jazz avec une dose de blues "Old Road". Une des grandes réussites du disque "Waiting For a Sign" offre un profil différent, bénéficiant d’une attaque plus rockabilly. En dehors de ce petit coup de sang, on pourrait parler de disque d’ambiance associant titres rythmés "Heart Of Steal", "The Escape" et beauté feutrée sans à-coups ni aspérité "Kissing On a Bridge", Little Dream", "It Isn't You". Une sorte de disque apaisé, mélodique, parfait pour une écoute estivale et nocturne, qui rappelle les grandes heures de Norah Jones ou Katie Melua.

Egalement à écouter : Move Together (2009).

Extrait : On The Metro

Extrait : Crossing The Line

Extrait : Little Dream


écrit par Patrice le dimanche 03 juin 2012 (x) à 10:35 PM
categories: Blues, Folk, Jazz Vocal


jeudi 17 mai 2012

RPWL - Beyond Man And Time (2012)

Cover Après douze ans de carrière, RPWL est devenu la tête de pont du rock progressif allemand. Fortement influencés depuis leur début par la musique de Pink Floyd, ils ont su avec ce sixième album créer une identité propre, mêlant les influences du flamant rose avec celles de groupes tels que The Flower Kings, Porcupine Tree ou pour les plus anciens Camel et Marillion.

"Beyond Man and Time" est un concept album, un exercice récurrent dans le rock progressif mais une première pour RPWL. Il est librement inspiré de l'oeuvre de Friedrich Nietzsche "Ainsi Parlait Zarathoustra". N'ayez pas peur, RPWL a eu le bon goût de ne pas développer la philosophie de l’œuvre abordée préférant se concentrer sur les différents personnages qui la composent.

Globalement la musique est à la fois introspective et généreuse avec des ambiances planantes et une voix aux accents gilmouriens très agréable à écouter sur la durée. Les compositions de RPWL sont très construites, abouties, subtiles (parfois un peu trop) sans jamais être démonstratives. La plupart des titres s'inscrivent dans un format long offrant plusieurs ambiances. Mentions spéciales à "We Are What We Are" délicat mélange de pop-rock et de ballade qui de temps à autre prend de la hauteur avec une rythmique mid tempo chaloupée et à "The Fisherman" pièce maîtresse de 16 minutes, qui touche à la quintessence de l’art du combo et justifie peut-être à elle seule la possession de ce disque. Construite en trois parties "Hight As A Mountain Part 1", "The Abyss" et "Hight As A Mountain Part 2", cette suite, addictive au possible, alterne entre exotisme (mélodie orientale envoûtante), rock-progressif de haut vol avec de nombreux breaks (Genesis première époque) et rock d’une grande modernité (rythmes atypiques et sonorités inhabituelles notamment aux claviers et à la guitare).

Une des grandes qualités de ce groupe, c’est qu’ils arrivent à balancer des mélodies immédiatement reconnaissables et souvent imparables. C’est vrai tout au long de cet opus mais plus particulièrement sur un morceau comme "Unchain The Earth" (très pop, parfait pour faire un single) qui après un démarrage planant et magique, vous explose à la figure grâce aux claviers et à la guitare pour une composition pleine d'intensité et de rythme (voir la vidéo). Autre titre "The Noon" quant à lui clôture l’album tout en douceur dans une ambiance éthérée et aérienne. Une ballade apaisante où dominent la guitare et la voix. Cette dernière plage permet enfin de reprendre son souffle, mais nul doute que vous aurez l'irrésistible envie d'écouter et d'apprécier à nouveau cet album, une véritable merveille qui devrait marquer l’histoire du rock progressif.

Nietzsche considérait cette œuvre comme le péristyle de sa philosophie et présentait lui-même ce livre comme un "5e évangile". RPWL l'a en quelque sorte mis en musique, rien de moins... Le groupe donnera un concert unique en France, à Bordeaux (Le complexe, anciennement Amadeus Song) le mardi 29 mai. Alléluia !

Line-up : Yogi Lang (vocals, keyboards) - Kalle Wallner (guitars) - Markus Jehle (keyboards) - Werner Taus (bass) - Marc Turiaux (drums)

Egalement à écouter : The gentle art of music (2010) - Compilation des 5 premiers albums.

Extrait : We Are What We Are

Extrait : The Fisherman


écrit par Patrice le jeudi 17 mai 2012 (x) à 8:39 AM
categories: Rock Progressif


vendredi 04 mai 2012

JOEY DEFRANCESCO - Never Can Say Goodbye (2010)

Cover Joey DeFrancesco n’a jamais fait grand bruit. Il a pourtant gagné cinq "DownBeat Critics Poll Award" consécutifs entre 2002 et 2006 et est considéré par les critiques et les fans comme le maitre actuel de l’orgue Hammond B-3 avec son style qui va du Soul-jazz-groovy au Hard-bop. Après une série d'albums solos invraisemblables et des collaborations mémorables avec des artistes aussi talentueux que Miles Davis, Pat Martino, Jimmy Smith, Elvin Jones, John McLaughlin et Bobby Hutcherson, Joey DeFrancesco a façonné un langage qui restera dans l’histoire du Jazz. Aucun organiste digne de ce nom aujourd’hui n’a les aptitudes techniques, la profondeur harmonique et l’autorité de ce musicien phénoménal (à part peut-être Eddy Louiss).

Cet album hommage à la musique de Michaël Jackson n'échappe pas à la règle puisqu'il a été nominé pour le Grammy Award 2011 du meilleur album de jazz contemporain, seulement battu par celui de Stanley Clarke chroniqué ici même en janvier dernier (comme quoi je ne réserve que le meilleur à vos cages à miel).

Le pari était osé de s'attaquer au répertoire du "Roi de la Pop". Pourtant Joey a réussi à faire de ces arrangements jazz des moments intenses, frais, voire amusants (Thriller), avec toujours le sentiment de l'inconnu qui survient d'une improvisation spontanée et inspirée. Des instants complexes et virtuoses mais facilement accessibles.

Si vous aimez le jazz et l'orgue Hammond, il y a de fortes chances que vous succombiez à cet enregistrement, même si vous n'êtes pas un grand fan de Michaël Jackson.

Line-up : Joey DeFrancesco (organ & trumpet) - Paul Bollenback (guitar) - Byron Landham (drums) - Pat Bianchi (keyboards) - Carmen Intorre (percussion) - Ann Fontinella (violin on "She's Out of My Life") - Annie Sciola & Samantha Auriello (background vocals).

Extrait : Beat It

Extrait : Billie Jean


écrit par Patrice le vendredi 04 mai 2012 (x) à 12:47 AM
categories: Jazz


samedi 21 avril 2012

FLYING COLORS - Flying Colors (2012)

Cover FLYING COLORS est un nouveau "super groupe". Une association de monstres sacrés célébrés et estimés dans les hautes sphères bouillonnantes du Métal et du Rock Progressif. Les 5 musiciens de ce "projet" se nomment Steve MORSE (guitare - élu meilleur guitariste pendant cinq années d'affilées au début des années 90 avant d'être classé hors concours pour permettre aux autres de gagner - Dixie Dregs, Kansas, Steve Morse Band, guitariste de Deep Purple depuis 17 ans), Neal MORSE (claviers - ex-Spock's Beard, Transatlantic), Mike PORTNOY (batterie - ex-Dream Theater, ex-Avenged Sevenfold, LTE, Transatlantic, Adrenaline Mob), Dave LARUE (basse - Dixie Dregs, Planet X, Joe Satriani), Casey McPherson (peut être le moins connu dans ce milieu Hard Rock en général) est quant à lui le chanteur / compositeur de Alpha Rev, groupe américain évoluant dans un courant Rock Alternatif.

Après, l’idée de réunir de fortes individualités musicales (le fantasme de nombreux producteurs) est une montagne qui accouche parfois d’une souris (comme par exemple, dans un passé récent, Superheavy le groupe réunissant Mick Jagger, Dave Stewart, Joss Stone et consort) et parfois comme ici l’alchimie fonctionne. La musique de "Flying Colors" est une fusion hautement mélodique, fortement coloré et éclectique, associant des styles allant de la Pop au Rock Progressif, le tout irisé d'une touche de Métal.

L'album s'ouvre sur le morceau "Blue Ocean" chef d’œuvre magnifiquement volubile de forte inspiration Toto, qui déboule comme un cheval au galop et qui donne directement un aperçu de l'énorme claque qu'on va prendre. Le discours se muscle avec "Shoulda Coulda Woulda" écorché à souhait et plus loin avec "All Falls Down" le titre le plus puissant de l'album, où Mike Portnoy lâche ses coups, faisant zigzaguer des influences Dream Theater au milieu d'une composition que Muse aurait très bien pu exécuter.

La fusion jouée par le groupe nous propose des rythmiques de folie qui feront chavirer le coeur de toute bonne oreille bien éduquée. Électrisé, l’album s’enracine dans un lot de références impeccables, jamais torturées ni déchiquetées, juste festives. Le rock californien de "Kayla" côtoie une introduction à la Springsteen "The Storm" avant un funk retentissant "Forever In A Daze". La basse de Dave Larue est omni-présente et fait un travail remarquable. Petit hommage aux Beatles "Love Is What I'm Waiting For" et trois ballades "Everything Changes", "Better Than Walking Away", "Fool In My Heart" véritables pépites de mélancolie et de sensibilité.

La conclusion de l'album, orchestrée par la douzaine de minutes de "Infinite Fire", permet à Flying Colors de nous emmener bien au-delà de nos espérances. La patte Neal Morse, relativement discret sur le reste de l'album, est clairement définissable sur ce morceau, le plus progressif de l’album. Thème et chant morsiens, architecture progressive et refrain très pop à la Kino. Le solo de Steve Morse est un modèle du genre, comme pour la plupart des interventions du maître.

Néanmoins des petits défauts subsistent, quelques longueurs, des passages un peu moins inspirés et le principal à mes yeux, un premier album un peu trop polychrome. Espérons toutefois que "Flying Colors" ne reste pas le projet d'un jour et que les musiciens auront le désir de poursuivre l'aventure.

Extrait : Kayla

Extrait : Infinite Fire


écrit par Patrice le samedi 21 avril 2012 (x) à 5:57 PM
categories: Rock


vendredi 06 avril 2012

JOE BONAMASSA - Dust Bowl (2011)

Cover Joe Bonamassa est un maître du blues, un virtuose de la guitare qui possède une grande voix et fait preuve d'une terrible sensibilité. Agé de seulement 34 ans, il sort un magnifique dixième opus solo aux multiples facettes mélant compositions originales et reprises. Il faut dire que nous avons affaire à un surdoué. Pensez qu'à seulement 12 ans il faisait la première partie de B.B. King.

"Dust Bowl" est un voyage blues / rock à travers les vastes plaines des States, avec des titres tous très différents les uns des autres. L'album démarre comme un vieux train du far-west "Slow Train" pour s'emballer ensuite en un blues intense. "Dust Bowl" déboule avec son groove irrésistible, un hit en puissance. Se succèdent d'autres compositions intéressantes au rang desquelles "Black Lung Heartache" avec sa couleur Irlandaise mêlée à un gros son, "The Last Matador Of Bayonne" genre Gary Moore dialogant avec une trompette, le très électrique et enlevé "The Whale That Swallowed Jonah" avec ses sonorités très Claptonnienne. Ensuite, il y a les deux superbes reprises heavy très réussies que sont "Heartbreaker" des Free (avec Glenn Hughes) et "Prisoner" de Barbara Streisand. Formidables également ces deux morceaux très profonds que sont "The Meaning Of The Blues" et "No Love On The Street" où les doigts de Joe triturent des chorus incisifs, rapides et mélodieux. Beth Hart, avec laquelle il vient de sortir un album, s'y invite dans les choeurs. Cotés traditionnel, citons le très Sudiste "Tenessee Plates" avec John Hiatt au chant, "You Better Watch Yourself" chaud et électrique, et "Sweet Rowena" avec le chanteur de country Vince Gill.

"Dust Bowl" est indispensable à tout amateur de blues qui se respecte et plaira à ceux que le blues trop traditionnel fait bailler au bout de 3 morceaux. Joe Bonamassa prouve que le style n'est pas moribond et qu'on peut encore aujourd'hui proposer des disques captivants dans ce domaine.

Line-up : Joe Bonamassa : guitars, vocals - Carmine Rojas : bass - Rick Melick : organ - Anton Fig : drums.

Guests : John Hiatt : vocals (3) - Vince Gill : guitars (3, 11) - Tony Cedras : trumpet (7) - Glenn Hughes : vocals (8) - Beth Hart : vocals (9).

Egalement à écouter : Joe Bonamassa - Black Rock (2010) / Beth Hart & Joe Bonamassa - Don't Explain (2011).

Extrait : Dust Bowl

Extrait : No Love On The Street


écrit par Patrice le vendredi 06 avril 2012 (x) à 5:45 PM
categories: Blues


jeudi 01 mars 2012

AGNES OBEL - Philharmonics (2010)

Cover Je ne sais pourquoi, mais depuis quelques mois, au milieu de tout ce que j'écoute, je suis irrésistiblement interpellé par les productions minimalistes. Dans le cas présent, la pochette, portrait et coiffure dignes des oeuvres romantiques anglaises du XIX°, ainsi que le titre de l'album plantent le décor. On s'attend à entendre un piano dans un registre relativement classique.

Dès les premières notes du disque cette impression se confirme mais très vite il convient de corriger ce sentiment. En plages 2 et 3, les deux meilleurs titres de l’album s’enchaînent et nous font tourner la tête. “Riverside”, une rivière de mélancolie et de tendresse, chanson de l'année au Danemark. La voix d’Agnes Obel y est extrêmement profonde et dégage énormément d’émotions. On n’est pas remis que le mélodieux “Brother Sparow” nous transperse la tête. Quelques notes toutes simples, mais tellement justes et efficaces. “Just So” (voir la vidéo) poursuit l’excellent travail et classe définitivement l’album parmi les grands crus. La suite du disque est de qualité, peut-être un peu moins accrocheuse que le début mais toujours avec des mélodies parfaites qui pourraient illustrer des scènes de films où tout peut chavirer d’un instant à l’autre ("Beat", "Avenue", "Philarmonics", "Close Watch"). Des moments où le temps est suspendu à une note de musique.

La jeune danoise a mis trois ans pour enregistrer ce premier album, une vrai réussite et un véritable bonheur pour tous ceux qui ont besoin de la musique pour vivre. Montez le son. Quand la musique d'Agnes Obel envahit l'espace, elle impose le silence. La marque des oeuvres qui comptent.

Un premier opus d'une grande maturité artistique, un enregistrement piano/voix mélancolique, enrichi de-ci de-là de quelques cordes de guitare ou de violoncelle. Agnes Obel nous délivre là une première galette classique/folk exquise.

Line-up : Agnes Obel : piano, vocals - Daniel Matz : beat (3, 7, 8) - Frederique Labbow : cello (5, 8, 10, 11, 12) - Isabelle Klemt : cello (5, 8) - Anne Müller : cello (7) - Robert Kondorosi : guitar (3) - Axel Brüel Flagstad : backing vocal (4)

Extrait : Riverside

Extrait : Brother Sparrow


écrit par Patrice le jeudi 01 mars 2012 (x) à 12:39 PM
categories: Alternatif


samedi 11 février 2012

BETTYE LAVETTE - Interpretations : The British Rock Songbook (2010)

Cover En 2008 Bettye LaVette interprète la chanson des Who "Love Reign O'er Me" au Kennedy Center Honors (voir la vidéo). Pete Townshend aurait avoué avoir été au bord des larmes en entendant cette version. Cela a constitué le point de départ d'un album de reprises de classiques du rock anglais. Un des meilleurs disque soul de ces dernières années.

Et pourtant la reprise de standards est un exercice périlleux. Pas facile de s’attaquer à des monuments sans se contenter d’en faire de pâles copies ou de les massacrer en les dénaturant complètement. Lorsqu’un artiste se lance dans la réinterprétation de classiques du répertoire rock, mieux vaut qu’il ait assez de talent et de présence vocale pour ne pas tourner la chose en ridicule. Mais quand on a la voix, une de ces voix obsédantes de celles qui ne s’oublient pas, le charisme et l’expérience d’une Bettye LaVette, le résultat atteint des sommets. On ne peut que regretter que cette grande dame de la soul, née en 1946 dans le Michigan, n'ait jamais eu la chance d'embrasser la carrière de Tina Turner et d'Aretha Franklin. La vie réserve parfois son lot de déceptions, même si la chanteuse n'a pas à rougir de son parcours.

Avec "Interpretations", on redécouvre 13 classiques passés au filtre d’une orchestration soul/jazz sobre et classieuse, portés par des vocaux vibrants et éraillés. De Pink Floyd aux Who, des Beatles aux Rolling Stones, en passant par la case McCartney, Elton John, Traffic, Moody Blues et autres Led Zeppelin, "Wish You Were Here", "Love Reign O'er Me", "Salt Of The Earth", "Maybe I’m Amazed", "No Time To Live", "Nights In White Satin", "All My Love", "Don’t Let Me Be Misunderstood", "It Don’t Come Easy", sont autant de perles redorées à l’or fin.

Bettye LaVette signe là un album surprenant, culotté, racé, captivant et émouvant. Un nouvel opus hautement recommandé!

Line-up : Bettye LaVette (vocals) - Rob Mathes (acoustic guitar, electric guitar, keyboards, background vocals, solo on "Wish You Were Here") - Shane Fontayne (electric guitar) - Zev Katz (upright bass, electric bass) - Charley Drayton (drums, percussion) - Aaron Heick (alto saxophone) - Andy Snitzer (tenor saxophone) - Jeff Kievit (trumpet) - Mike Davis (trombone) - James "D-Train" Williams , Tabitha Fair, Vaneese Thomas (background vocals).

Additionnal musicians : Kenny Aronoff (drums) & Michael Bearden (hammond B-3, keyboards) on "Love Reign O'er Me".

Egalement à écouter : I’ve Got My Own Hell To Raise (2005).

Extrait : All My Love

Extrait : Nights In White Satin


écrit par Patrice le samedi 11 février 2012 (x) à 11:34 PM
categories: Soul


mercredi 18 janvier 2012

STANLEY CLARKE - The Stanley Clarke Band (2010)

Cover Stanley Clarke est certainement mon bassiste préféré. En tout cas, en concert, il est celui qui m'a procuré le plus d'émotion. Peu importe qu’il joue électrique ou acoustique, Stanley reste le maître de la basse moderne. Avec "The Stanley Clarke Band" il revient à un son électro-fusion frais et moderne, différent d'à peu près tout ce qu'il a fait avant.

Il a réuni ici un groupe de jeunes talents, la pianiste Hiromi Uehara, véritable phénomène japonais qui jouait déjà dans sa formule trio avec Lenny White, le claviériste Ruslan Sirtota, improvisateur ukrainien, le guitariste Charles Altura (Alain Caron, Tigran Hamasyan) et Ronald Bruner, l'un des batteurs américains les plus prometteurs de sa génération, qui a déjà joué avec Wayne Shorter et George Duke. On trouve également des invités tel que le saxophoniste Bob Sheppard (Chick Coréa, Herbie Hancock, Steely Dan) ou Cheryl Bentyne, une transfuge du Manhattan Transfert, cf. le line-up.

Pour cet opus, élu meilleur album de jazz contemporain aux Grammy's Awards 2011, Stanley Clarke a ressorti toutes ses basses du placard. La variété du son et du jeu est un vrai bonheur. Par ailleurs, s'il est un leader incontesté, il a su laisser toute la place nécessaire aux formidables musiciens qui l'accompagne, ce qu'illustre les compositions originales des membres du band présentent sur l'album.

Dès le premier titre "Soldier", l'intro transpose le thème, la rythmique s'installe, Stanley Clarke y va de sa mélodie, puis c'est le groupe tout entier qui s'élance dans un presque rock. Si je reste quelque peu dubitatif devant certains morceaux comme "I Wanna Play for You Too" à cause de la talk box et du peu d'originalité et "How Is the Weather Up There?", d'autres comme "Fulani", "No Mystery", "Labyrinth" et "Sonny Rollins" sont des titres réussis. Enfin impossible de passer sous silence "Larry Has Traveled 11 Miles and Waited a Lifetime for the Return of Vishnu's Report" qui, comme son nom l'indique, s'inspire des groupes de jazz fusion les plus populaires des seventies.

Cela nous donne un enregistrement spectaculaire, montrant une légende au sommet absolu de son art qui ne se fourvoie plus comme autrefois, grâce à son groupe de jeunes loups qui l'ont clairement redynamisé. Hautement recommandé!

Line-up : Stanley Clarke : basses (1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11), talk box (4-7), vocals (1) - Ruslan Sirtota : piano (1-2-3-8-10), synthesizers (1-2-3-6-7-8-9), vocals (1) - Hiromi : piano (6-8-9-10) - Charles Altura : guitar (1-2-3-6-7-8) - Ronald Bruner Jr : drums (1-2-3-6-7-8-9-10).

Guests : Armand Sabal-Lecco : electric bass (2) - Bob Sheppard : soprano sax (8), tenor sax (10) - Felton Pilate : keyboards (4) - Rob Bacon : guitars (4-10) - Natasha Agrama : vocals (1) - Ilsey Juber : vocals (1) - Cheryl Bentyne : vocals (10) - Doug Webb : saxophone (10) - Andrew Lippman : trombone (10) - John Papenbrook : trumpet (10).

Egalement à écouter : School Day (1976) - The Bass-Ic Collection (1997).

Extrait : Soldier

Extrait : Labyrinth


écrit par Patrice le mercredi 18 janvier 2012 (x) à 10:37 PM
categories: Jazz


vendredi 09 décembre 2011

LAZULI - 4603 Battements (2011)

Cover Véritable coup de coeur pour le meilleur groupe de rock Français. Surtout que l'on a eu très peur que l'aventure prenne fin lorsque en décembre 2009 la moitié du groupe s'en est allée. Mais tel le Phénix renaissant de ses cendres "4603 Battements" marque le retour du groupe des frères Leonetti, Dominique au chant, à la guitare, à la composition et à l'écriture de textes précis et efficaces qui apportent une incontestable valeur ajoutée aux morceaux et Claude à la léode(*) qui régale son monde avec ses chorus électriques aux intonations parfois orientalisantes et ses solos singuliers.

Comme si Lazuli voulait rattraper le temps perdu, l'album ne contient aucun silence, le tic-tac d'une horloge revenant systématiquement faire le lien entre les morceaux. Si le disque s’ouvre sur un titre définitivement anxiogène "Je te laisse ce monde", regard désanchanté et implacable où le chant égrène ses arguments avant que la guitare ne vienne déchirer la grisaille, la musique est toujours autant teintée de notes et d'ambiances orientales qui lui donne ce côté world comme sur "Le miroir aux alouettes" typé "Peter Gabriel". L’inspiration sait se fait légère "15h40", pleine de rage "Les Malveillants" ou pleine d’énergie brute "L'Azur".

La richesse des arrangements, la technicité et la virtuosité de ses membres fait bénéficier le groupe d'une certaine renommée dans le monde du rock progressif. Mais n'importe qui ayant des oreilles en état normal de fonctionnement, une capacité à s'émouvoir sur des mélodies plaquées sur des accords riches et variés ne peut qu'aprécier ce groupe. Il fait partie incontestablement du haut du panier de la production musicale française actuelle et il mérite une reconnaissance qui dépasserait le microcosme du rock progressif. Espérons que cette chronique y participe très modestement.

(*) La léode est un espèce de stick, un mix improbable d’une guitare et d’un synthé, inventé par Claude Leonetti et Vincent Maury de chez LAG suite à un accident de moto qui a privé Claude de son bras gauche en 1986.

Line-up : Dominique Leonetti (Vocals, Guitar, Mandolin) - Claude Leonetti (Léode) - Gédéric Byar (Guitar) - Romain Thorel (Keyboards, French Horn) - Vincent Barnavol (Drum, Percussions, Marimba)

Egalement à écouter : En avant doute (2007) - Réponse incongrue à l'inéluctable (2009).

Extrait : 15h40

Extrait : Le miroir aux alouettes


écrit par Patrice le vendredi 09 décembre 2011 (x) à 11:38 PM
categories: Rock Progressif


lundi 28 novembre 2011

SUSANNE ABBUEHL - Compass (2006) - April (2001)

Cover De tous les disques écoutés ces dernières semaines, c'est incontestablement ceux de Susanne Abbuehl qui m'ont le plus marqué. Une fois n'est pas coutume je vais vous parler de deux enregistrements terriblement singuliers et atypiques, "April" paru en 2001 et "Compass" édité en 2006.

Leurs traits communs : un style minimaliste, un rythme ralenti jusqu’à en être quasiment réduit à néant, des silences omniprésents qui permettent à l’âme musicale du disque de pénétrer un peu plus profondément le cœur de l’auditeur. Musique atypique comme le parcours de cette chanteuse suisse allemande née en 1970, ayant commencée à jouer de la harpe et de la musique baroque avant de partir à Los Angeles et de revenir terminer ses études musicales au Pays-Bas. Par la suite elle s'est rendue plusieurs fois en Inde pour y étudier le chant indien classique.

Si "April", une véritable perle saluée par la critique internationale, est un patchwork de chants indiens, de poèmes d’E.E Cummings et de morceaux de Carla Bley, un tourbillon d’émotions et de sons tout en retenue, "Compass" est d'une plus grande unité artistique qui nous balade entre jazz et folk songs, du côté de chez Joyce, Berio, Sun Ra, Chick Corea, Feng Meng-Lung un poète de la dynastie Ming.

Son répertoire est déjà une affirmation de son originalité. Le tout est servi par un chant, à l’écart de tout éclat mais ô combien brillant, magnifiquement mis en valeur par le piano onirique de Wolfert Brederode, les clarinettes hypnotiques de Christof May et Michel Portal (uniquement sur "Compass") et les sensuelles percussions de Lucas Niggli.

Il faut prendre le temps d’écouter et réécouter ces éloges de la lenteur qui ne sont pas à recommander aux gens pressés. Des odes à la liberté musicale à écouter devant un feu de cheminée, un espace où le temps n’est plus une contrainte.

Extrait : Yes Is A Pleasant Country

Extrait : Sea, Sea


écrit par Patrice le lundi 28 novembre 2011 (x) à 9:29 PM
categories: Jazz Vocal


vendredi 21 octobre 2011

YES - Fly From Here (2011)

Cover YES sort un nouvel album? La surprise est de taille surtout que ce groupe majeur du rock progressif nous livre ici un disque inespéré après un silence d'une dizaine d'années. Si le line-up de YES a toujours été volatile, c'est avec une formation proche de l'album "Drama" (1980) que les anglais reviennent sur le devant de la scène. On retrouve donc Steve Howe (guitare), Chris Squire (basse), Alan White (batterie), Geoff Downes (claviers) et un petit nouveau le chanteur canadien Benoit David (MYSTERY). "Drama" était le seul album de YES sans Jon Anderson au chant. Il y en a désormais un second. Le tout est produit par Trevor Horn, un ancien de la maison mais aussi compositeur avec Geoff Downes du tubuesque "Video Killed The Radio Star" (BUGGLES). A noter également à son crédit une participation vocale et un grand rôle dans la composition de la majorité des morceaux de cet opus.

Autre point commun, le titre éponyme de cette nouvelle galette, découpée en 6 parties et dont le cœur est formé des deux sections créées à l'époque pour les BUGGLES, date de l'époque "Drama", il n'avait jamais été enregistré. Chris Squire et Trevor Horn ont donc décidé de se retrouver en studio pour que ce morceau soit retravaillé. La version livrée ici s'étire sur 24 minutes. Elle est naturellement bien plus complexe, avec des orchestrations fouillées, des rythmiques syncopées, et un Benoit David franchement à la hauteur. Les différentes périodes du groupe semblent s’être données rendez-vous sur ce long fleuve tranquille. Bref, le grand YES est présent et bien présent.

La suite va du folk joliment vintage de "The Man You Always Wanted Me To Be" au dramatisant "Life on a Film Set" en passant par la ballade élégante "Hour of Need", le versant acoustique donne la part belle à la guitare volubile de Steve Howe rarement mis en avant avec autant d’applomb. Enfin "Into The Storm" vient clore l'album, c'est une superbe composition, rythmée, plaisante, totalement dans l'atmosphère typique du groupe.

Album inespéré "Fly From Here" se révèle comme une excellente surprise, une invitation au plaisir, à la bonne humeur, au bien-être. Une œuvre agréable, variée, inspirée et de surcroît parfaitement produite, suffisamment complexe pour satisfaire les irréductibles du groupe, mais largement plus abordable que certaines de ses productions antérieures, il devrait plaire au plus grand nombre.

Egalement à écouter : Drama (1980) - 90125 (1983) avec le fameux "Owner of a lonely heart".

Extrait : Fly From Here


écrit par Patrice le vendredi 21 octobre 2011 (x) à 9:11 AM
categories: Rock Progressif


samedi 08 octobre 2011

THE LEISURE SOCIETY - Into The Murky Water (2011)

Cover Les britanniques savent définitivement y faire lorsqu'il s'agit de pop folk à l'ancienne. Deux ans après leur premier album les anglais de The Leisure Society reviennent nous livrer leur nouvel opus, dépoussièrant le folk, le rendant aérien. Instruments divers et variés, voix cristallines et ambiances enlevées leur réussissent bien, on ne peux le nier. Ici, les voix de Nick Hemming et Chris Hardy s'entremêlent aux notes de violons et aux airs de flûte avec une fluidité parfaite.

"Into The Murky Water" est un disque orchestral et poétique qui s'ouvre sur une première plage éponyme sur laquelle prend place une voix avenante et des arrangements printaniers qui se retrouvent mis en valeur par une orchestration savamment mise en place. Le voyage vers une légèreté insoupçonnée et une humeur guillerette se poursuit avec "Dust On The Dancefloor". Un peu plus loin, "You Could Keep Me Talking" incorpore des cordes qui font penser à la période dorée de The Divine Comedy. La guitare, normalement acoustique, se fait électrique le temps de "This Phantom Life", apportant un peu de force en ce milieu d'album, le temps de nous sortir de cet espèce de rêve éveillé dans lequel les anglais nous avaient entraînés. Mention également à l'excellent "The Hungry Years" qui arrive progressivement à maturité grâce à un travail soigné de composition.

Cela dit, The Leisure Society n'est pas pour autant devenu un groupe pop, malgré une accessibilité évidente qui tranche avec leur passé. Imprégnons-nous par exemple de l'émotion palpable qui transpire d'"Our Hearts Burn Like Damp Matches" ou de la beauté des instruments classiques qui illuminent "Although We All Are Lost" et "I Shall Forever Remain An Amateur", certainement le titre clé de cet album grâce à cet air de flûte guilleret tranchant délicieusement dans le ton mélancolique de Nick. Au sein d'une même chanson, diverses ambiances s'affrontent, mais toujours avec délicatesse, prouvant une fois encore la force de composition du groupe et faisant de ces nouveaux titres de véritables petites perles.

The Leisure Society fait frissonner nos oreilles de plaisir en servant ici un bon moment de détente, délicieusement rétro. Un album à écouter un verre à la main.

Egalement à écouter : The Sleeper (2009).

Extrait : You Could Keep Me Talking

Extrait : I Shall Forever Remain An Amateur


écrit par Patrice le samedi 08 octobre 2011 (x) à 2:39 PM
categories: Folk


samedi 24 septembre 2011

PHIDEAUX - Snowtorch (2011)

Cover Extravagant et magistral, ce groupe américain ne sait pas faire de mauvais disque. Ce huitième opus réalisé avec la même dizaine de musiciens solistes parvient à se hisser à la hauteur du sublime "Doomsday Afternoon". L'album est un morceau de granit de 45 minutes divisé en quatre pièces dont deux épiques éponymes de 19 et 16 minutes, séparées par une merveilleuse respiration "Helix", single pastel joliment vintage, et se termine par "Coronal Mass" point d'orgue tout en cordes soyeuses, joyeuses et oniriques. Le progressif mélodique est à l'honneur avec des alternances guitare-claviers dans les interventions solos.

Les passages instrumentaux de la première partie notamment, rappellent sans ambiguïté le Genesis de la période 1970-1973. Le multi instrumentiste réussit à nous captiver avec une musique très familière dans laquelle se bousculent envolées à la Pink Floyd, choeurs à la Yes, arrangements à la Camel et superpositions de couches sonores multiples à la Mike Oldfield, couches aux couleurs différentes mais dont le résultat harmonique produit moult frissons. Ici, le petit plus, est l'utilisation de vocaux féminins très aériens. C'est d'ailleurs le chant féminin qui m'a fait craquer sur ce "Snowtorch" avec une mention spéciale à Linda Ruttan Mowdawsky qui se révèle être la perle de ce disque tant son chant est lyrique et enchanteur.

Certes Phideaux ne fait pas du neuf, mais recycle à merveille les vieilles recettes du progressif des soixante-dix, où s'entrechoquent envolées lyriques et plages planantes tout en offrant à ses compositions une production somptueuse, le tout dans un son de velour.

Le seul défaut de ce "Snowtorch" est finalement d'être trop court !

Egalement à écouter : Doomsday Afternoon (2007) - Number 7 (2009).

Extrait : Snowtorch

Extrait : Helix


écrit par Patrice le samedi 24 septembre 2011 (x) à 3:21 PM
categories: Rock Progressif


mardi 16 août 2011

KILL THE YOUNG - Thicker Than Water (2011)

Cover Ce disque m'a accompagné tout l'été et une fois n'est pas coutume c'est du rock (je me rend compte que c'est ma première chronique d'une galette estampillée rock). Kill The Young c'est une fratrie de Manchester, les frères Gorman : Tom (voix & guitare), Dylan (basse & choeurs) et Oliver (batterie, chœurs, clavier). Mais si l'on retrouve toute l'énergie d'un combo rock, le côté mélodique est très présent et la variation des ambiances et des arrangemets donne beaucoup de densité et de relief à cet album, leur troisième. Ici, les guitares électriques font part égale avec d'autres instruments, partageant ainsi la vedette avec des violons, des banjos et des pianos.

Au côté de morceaux aux riffs ravageurs "One And Only", "You've Got To Promise Me" qui conservent une qualité d'écriture et de production évidente, on trouve un surprenant premier single assez pop, "Darwin Smiles", avec son passage central façon choeurs de l'Armée Rouge. Kill The Young fait aussi la part belle à l'acoustique avec un morceau à la dimension épique porté par des cordes enivrantes "The Argument", une ballade posée au chant grave "Who Bite You ?" ou encore une ode constamment sur le fil "Will You Change For Me ?".

D'autres titres commencent aussi acoustique pour s'énergiser ensuite tel le mélancolique "I Don't Want To Fight With You Anymore" qui ouvre l'album et le tubuesque "The Missing Link". Et puis quelques autres morceaux à gros potentiel tout simplement imparables à l'image de "Spinning", "You Me And God", "Is It Any Wonder ?" ou "I Am A Martyr".

Ce qui est extraordinaire avec "Thicker Than Water" c'est que malgré ces 13 titres, il ne s'essouffle jamais. Une parfaite réussite, cohérente de bout en bout, intense, diversifiée, recherchée. Un album sacrément bon dont les compositions efficaces, énergiques et enthousiasmantes présentées ici devraient contribuer à propulser Kill The Young vers une juste reconnaissance.

Vidéo (cliquer sur l'image) : Live à Paris début juillet de cette année.

Discographie : Proud Sponsors Of Boredom (2007) - Kill The Young (2005).

Extrait : The Missing Link

Extrait : Is It Any Wonder


écrit par Patrice le mardi 16 août 2011 (x) à 9:42 PM
categories: Rock


dimanche 19 juin 2011

ERIC LEGNINI - The Vox (2011)

Cover Après la trilogie "Trippin", "Big Boogaloo" et enfin "Miss Soul", "The Vox" est le nouvel album du pianiste et compositeur belge Eric Legnini (piano, Fender Rhodes, Hamond B3). Un opus en rupture avec les précédents. Déjà le titre Eric Legnini & The Affro Jazz Beat donne les indices de cette inflexion artistique. Une oeuvre de groupe et une référence aux glorieuses années 70 de Tony Allen et de Herbie Hancock.

L'écoute confirme et ... surprend. D'un côté un jazz associé à un affro beat avec section de cuivres, rythmes percussifs et groove brûlant à faire danser le tabouret du piano et de l’autre, des morceaux aux airs de folk-song, qu’une voix tendrement rauque promène sur le fil d’une inspiration soul.

Cette voix est celle particulièrement sensuelle et puissante de la perle afro-américaine Krystle Warren (chant , guitare sur "Canyon Lady"). Côté musiciens on retrouve les fidèles Franck Agulhon (batterie) et Thomas Bramerie (contrebasse) associés à la guitare électrique de Da Romeo, celle de Kiala Nzavotunga sur "The Vox" et "Black President", ou encore les percussions de Okutu Moses. Sans oublier la logistique d’une section cuivres renforcée composée de Boris Pokora au saxophone ténor, à la clarinette basse, à la flûte et au sax baryton, de Julien Alour à la trompette et au flugelhorn, et de Jerry Edwards au trombone.

Si la première écoute surprend, la mise en perspective que propose cet album dans l’enchaînement calculé de ses plages dissemblables s’adopte rapidement comme une évidence. On passe d'un univers à un autre avec le plaisir de non seulement découvrir un artiste talentueux, mais aussi et surtout un monde musical où peuvent se croiser, dans un respect total, des atmosphères bien différentes. Au fil des écoutes, "The Vox" se révèle être une oeuvre singulière, cohérente, et d’une sensibilité qui la rend très attachante.

Titres sur les vidéos (cliquer sur l'image et sur le lien) : Black President - Near The House Of The Hill.

Egalement à écouter : Trippin' (2009), Big Boogaloo (2007) et Miss Soul (2005).

Extrait : Joy

Extrait : The Vox


écrit par Patrice le dimanche 19 juin 2011 (x) à 12:56 AM
categories: Jazz


mardi 03 mai 2011

PORTICO QUARTET - Knee-Deep In The North Sea (2011)

Cover Voici une musique atypique, débridée et étrange. Une musique intuitive qui fait référence au jazz et à la musique africaine avec les phrases répétitives de cet instrument au look rétro-futuriste ; le hang. Le hang est un instrument récent créé en Suisse entre 2000 et 2001 (il a connu depuis diverses évolutions, notamment en 2006 et 2008). Métallique, il permet plusieurs types de son, à l'image des steelpans qui l'ont inspiré. L'utilisation du hang donne à Portico Quartet une couleur unique, à mi-chemin entre le jazz et la world music ; un jazz d'avant-garde construit, insulaire et accueillant.

Tour à tour chaleureux, exubérant, hypnotique et fascinant, le Knee-deep in the North Sea de 2011 est une version remasterisée d'un des meilleurs albums jazz de 2007, incluant trois nouveaux morceaux live. Il s'agit là du premier opus de quatre jeunes musiciens londoniens, qui après avoir enregistrés aux mythiques studios Abbey Road, se sont retrouvés nominés au Mercury Prize avant de signer sur Real World, le label de Peter Gabriel.

La musique : une section rythmique solide, assuremment une des forces du groupe, avec de très belles lignes de basse. Le saxophone distille des lignes mélodiques complexes mais facilement mémorisables. Le message musical dans son ensemble n'est jamais brouillon (ce que l'on reproche aux jazzeux, quand on croit qu'ils jouent chacun de leur côté). La sonorité inhabituelle fait penser à Hadouk Trio mais avec une vitalité supérieure.

Un album qui fait voyager dans un univers particulier, tout en douceur, avec ses virages et ses lignes droites, ses montées et ses descentes, ces alternances de parties calmes et enjouées, bref, ça bouge !

Line-up : Jack Wyllie (Saxophones) - Milo Fitzpatrick (Contrebasse) - Duncan Bellamy (Batterie, Hang) - Nick Mulvey (Hang).

Titre sur la vidéo (cliquer sur l'image) : Knee-deep in the North Sea (film documentaire).

Egalement à écouter : Isla (2009)

Extrait : Cittàgazze


écrit par Patrice le mardi 03 mai 2011 (x) à 10:11 PM
categories: Jazz


dimanche 03 avril 2011

IRMA - Letter To The Lord (2011)

Cover Née à Douala et originaire de Bangangté dans l'Ouest du Cameroun, Irma débarque à Paris en 2003 à l'age de quinze ans, histoire de poursuivre ses études secondaires. C'est le début d'une nouvelle vie pour l'adolescente qui découvre les voix de la nu-soul et les chanteurs « à guitare ». Tout en poursuivant des études de commerce, la chanteuse Irma Pany vivotait tranquillement et pointait ses maquettes sur MySpace quand son destin a basculé en un week-end. Postées sur le site participatif My Major Company, ses chansons emballent pas moins de quatre cents producteurs virtuels en moins de 48 heures au lieu des cinq mois prévus par le membre de My Major Company qui l'a découverte et mise en avant. Une première ! Les fonds (70.000 euros) pour financer la création de l’album étant réunis, elle prend la direction de New-York pour enregistrer avec Heny Hirsh, un producteur proche de Lenny Kravitz, dans une chapelle réaménagée en studio.

Mais le conte de fées a failli mal tourner quand revenue à Paris, la jeune artiste découvre un résultat qui ne la satisfait pas du tout, et décide de tout refaire dans un studio parisien. Débarassées de l'enrobage américain, les chansons de "Letter to the Lord" peuvent s'épanouir dans un registre soul folk plus dépouillé et approprié. Et dès les premières notes, on comprend que la jeune femme n’a pas besoin de grand-chose d’autre que de sa guitare sèche et de sa voix pour faire groover une chanson. La plupart de ses titres sont des ballades qui, toutes, finissent pas monter en puissance avec des ajouts vocaux.

Ce premier album révèle des mélodies sensuelles, des refrains efficaces et un univers intimiste, qui se balade sur la guitare ou la voix. Ses textes sont empreints de son regard sur le monde et, forcément, de ses douleurs toutes personnelles. "Your Guide", par exemple, se moque de ces blasés de la vie qui sont dépressifs avant l’heure, un peu parce que c’est cool. Alors qu’"In Love With The Devil" revient avec quelques violons sur une passion douloureuse et une rupture qui ne l’est pas moins. Si elle est très soul, Irma jongle avec les genres et se fait pop-folk sur "End of The Story", carrément plus dansante pour "Their Truth" et presque funk sur "Mr Love". Avec sa voix feutrée et légèrement voilée, Irma est sans conteste le nouveau talent soul de ce début d’année !

En concert à Bordeaux le samedi 28 mai à 20h30 à la Rock School Barbey Club.

Extrait : I Know

Extrait : In Love With The Devil


écrit par Patrice le dimanche 03 avril 2011 (x) à 4:15 PM
categories: Soul


mercredi 16 février 2011

VALENTINE'S DAY - Whatever You Want (2010)

Cover Au lendemain de la Saint-Valentin quoi de plus normal que de vous parler de Valentine's Day. A l'écoute on pourrait croire qu'ils viennent de l'autre côté de l'Atlantique tant la chanteuse est capable de faire frissonner et danser l'anglais, alors qu'en fait ils sont Lillois. Le groupe s'est formé en 2005 autour de la très belle voix de Valentine DERREUMAUX avec Ludovic FIERS au piano et claviers, David REMY aux guitares, Yann GERARDIN à la basse et de Johannes LEROY aux percussions et batterie. Partageant tous un impressionnant bagage technique, façonné par les classes de différents conservatoires et les expériences avec des musiciens comme Jean-Pierre COMO et Louis WINSBERG (SIXUN), Eric TRUFFAZ, Flavio BOLTRO, Didier LOCKWOOD ou Lionel BELMONDO, ces musiciens ont élargi, chacun à leur façon, les textes de Valentine. Les uns colorant ses chansons de touches plus jazz ou latino, les autres accentuant des teintes blues, folk ou reggae.

Pendant quatre ans, Valentine's Day a rodé sa complicité et l’osmose de ces styles à l’épreuve de la scène. Sorti au mois de novembre, ce premier disque exerce une fascination riante. L'album s'avère complet et foncièrement attachant, misant tour à tour sur des morceaux rythmés, l'ensoleillé Whatever You Want, l'ultra catchy Just, le sensuel Lady Bug, les nuancés et ludiques Don't Give Up et Unbreakable ou encore le rock en filigrane sur Black Star et Weak qui s'avèrent alternatifs et plus que jamais métissés, le disco revival étonnant de Shame, les ballades rayonnantes (l'enchanteur My Hands et l'énergique Let's Go Back), mélancoliques (le touchant Piece After Piece) ou décalées (l'ensorcelant Seasons).

"Whatever You want" est une réussite qui mérite que l'on s'y attarde.

Extrait : Let's Go Back

Extrait : Road Of Love

Extrait : Just


écrit par Patrice le mercredi 16 février 2011 (x) à 9:10 PM
categories: Alternatif


mercredi 05 janvier 2011

FREDRIKA STAHL / Sweep Me Away (2010)

Cover "Sweep Me Away" est le troisième album de la plus française des chanteuses suédoises. Née à Stockholm le 24 octobre 1984, ses parents ont emménagé à Saint-Germain-En-Laye lorsqu'elle avait 4 ans. La famille est rentrée au pays 8 ans plus tard (elle avait 12 ans), et jusqu’à ses 17 ans elle a étudié dans une école anglaise où elle a découvert la passion du chant. Une petite année sabbatique après son bac, elle fait un passage par la France histoire de ne pas perdre sa maîtrise de la langue. Elle va aussi y débuter sa carrière.

En 2006 elle sort un excellent premier album "A Fraction Of You" étiquetté jazz à juste titre et sur lequel figurent de très beaux titres comme le morceau éponyme et deux titres en français dont le swinguant "Les Jeux sont faits". Ce premier album, d'une suavité et d'une maturité étonnante, lui a permis de faire des premières parties d’artistes renommés comme Herbie Hancock, Lionel Richie, Maceo Parker ou Jean-Jacques Milteau.

En 2008, elle présente un véritable hommage à la diversité musicale. Loin de l'archétype même de l'album jazz, "Tributaries" vogue ainsi entre sonorités jazzy, funk, soul, bossa, et ce sans complexe. Du big band de "Monumental mismatch" aux accents folkloriques de "Dino oegon blae" (chanté en suédois) en passant par l'implacable "Irreplaceable" et ses résonances funk. Force est de constater que l'album parvient à doser savamment mélodies effrénées et mélancoliques comme sur "Pourquoi pas moi" seul titre interprété en français.

Si son style et son évolution musicale se rapprochent d'artistes tels que Norah Jones, Lisa Ekdahl ou Jamie Cullum, Fredrika reste singulière de par ses histoires toutes en pudeur et clair-obscur, ne livrant qu'une réalité en demi-teinte. Des mélodies léchées et des arrangements pop matinés de jazz caractérisent le nouvel album de cette chanteuse venue du froid qui ne vous laissera pas de marbre.

Avec "Sweep Me Away" on ne se lasse pas d'admirer la tranquille métamorphose de Fredrika Stahl, de chrysalide jazz en papillon pop.

Une alternative mâture, ambiguë, et protéiforme à écouter avec précaution. En concert à Bordeaux le mardi 15 mars à 20h30 à la Rockschool Barbey.

Egalement à écouter : A Fraction Of You (2006), Tributaries (2008).

Extrait : M.O.S.W.

Extrait : She and I


écrit par Patrice le mercredi 05 janvier 2011 (x) à 5:44 PM
categories: Pop


vendredi 03 décembre 2010

ZEN ZILA / Le Mélange Sans Appel (2000)

Cover Alors que l'hiver nous écrase sous le froid et la neige, glisser cette galette dans la platine c'est faire entrer des rayons de soleil dans le salon. Zen Zila, c’est d’abord l’histoire d’une amitié, l’aboutissement d’une rencontre en 1992 à Villeurbanne, entre deux travailleurs sociaux, Wahid Chaib (chant) et Laurent Benitah (guitares), qui décident de partager leur passion pour la musique. C'est à l'âge de 15 ans, tandis qu'il assiste à un concert de Carte de Séjour, que Wahid Chaib découvre que l'on peut associer musique française, musique arabe et rock. Une véritable révélation pour cet enfant qui n'écoutait pas spécialement de musique ethnique à l'époque.

Leur musique est donc une fusion entre la culture orientale, le rock et la chanson française associée à un groove d'enfer. Avec des textes légers ou bien militants, chantés tantôt en arabe, tantôt en français, Zen Zila crée une musique festive au son exceptionnellement chaleureux et mélodique. A l'écoute on pense irrémédiablement à Rachid Taha et à Zebda mais point de plagiat ici, plutôt des influences bien assimilées au service d'une musique personnelle, sincère et attachante.

Alors que vient de sortir leur cinquième album "Levez-vous les invisibles", ma préférence va au premier opus "Le mélange sans appel". Comme souvent avec un premier album, on ressent l'émotion pure et l'énergie débordante des musiciens. Des titres comme "Rhouya", "ZenZila", "Voyager", "Salam", "Chérie madame", "Jonny Wasmerly" donnent immédiatement envie de bouger. Mais il y a aussi de beaux moments acoustiques "Au nom du père", "Bonne nouvelle", "Lettre à Lila". Impossible également de ne pas évoquer les hommages rendus à leur entourage et notamment aux femmes mariées de force à seize ans avec le superbe "Pour vous mesdames".

Un style singulier, un métissage éclatant de chanson française, de rock, et de musique orientale. Un bouillon de culture savoureux qui n’entre dans aucun cadre préfabriqué.

Egalement à écouter : 2 pulls overs 1 vieux costard (2003), Mais où on va comme ça (2005), Gueules de terriens (2008), Levez vous les invisibles (2010).

Extrait : Rhouya

Extrait : Chérie Madame


écrit par Patrice le vendredi 03 décembre 2010 (x) à 6:36 PM
categories: World Music


vendredi 19 novembre 2010

JOHN McLAUGHLIN / To The One (2010)

Cover J'ai toujours eu un peu de mal avec la musique de John McLaughlin, mais là chapeau bas. Avec "To The One" inspiré par le chef-d’oeuvre de Coltrane, "A Love Supreme", il signe un album magnifique salué par une partie de la presse comme étant "probablement sa création la plus aboutie depuis "Birds Of Fire" du Mahavishnu Orchestra paru en 1973".

Avec son groupe « The 4th dimension », dans lequel figure l'extraordinaire bassiste d'origine camerounaise Etienne M'Bappe découvert en ce qui me concerne en 1989 au sein du groupe de jazz-rock français Ultramarine puis au côté de Salif Keïta, Joe Zawinul, etc..., John Mc Laughlin revient à un jazz rock intense dans lequel le rythme occupe une place centrale. Au côté de ces virtuoses du manche le batteur anglais Mark Mondesir, reconnu par ses pairs comme l'un des plus grands batteurs du monde et l'étonnant claviériste et batteur anglais Gary Husband qui stimule sur quatre des six titres de l'album Mondesir sur son propre terrain.

Six titres seulement pour tout juste 40 minutes comme au temps du disque vinyle. Du concentré de virtuosité et de sensibilité dans des compositions admirablement construites avec des parties écrites et des parties improvisées parfaitement équilibrées. Le guitariste déploie ici, y compris à la guitare synthé sur "Lost and Found" et "To The One", une vélocité et une virtuosité sans pareil au service de solos inspirés.

Un opus énergique mais également profond voire spirituel, qui redonne ses lettres de noblesse au jazz fusion. Un album qui fera date.

Egalement à écouter : Etienne M'Bappe / Masiya (2004).

Extrait : Recovery


écrit par Patrice le vendredi 19 novembre 2010 (x) à 11:33 PM
categories: Jazz


jeudi 04 novembre 2010

BIG BIG TRAIN / The Underfall Yard (2009)

Cover Croiser la route du rock progressif pour la première fois est parfois une quête initiatique difficile. Si vous lisez ce blog régulièrement vous avez passé ce cap mais pour les nouveaux venus sachez qu'avec ce sixième album de Big Big Train ce ne sera pas le cas tant le groupe anglais reprend les codes classiques d'un rock progressif symphonique des années 70, quelque part entre Genesis et Yes.

Pas de surprise donc mais une musique composée de mélodies envoûtantes, d’arrangements chauds et soignés, de solos aériens et sensibles se fondant parfaitement dans une production éclatante. Un certain nombre de particularités toutefois avec la présence ponctuelle de cuivres (voir vidéo), de flûte, et des parties vocales – individuelles ou chœurs – très sophistiquées. Des idées et des arrangements mélodiques à couper le souffle, une musicalité inépuisable, enivrante mais pas soûlante, comme sur le titre éponyme qui conclut l’album avec ses presque 23 minutes.

Le duo fondateur Andy Pole (basse, claviers) et Gregory Spawton (guitare, claviers, basse) s'est entouré de musiciens de qualité, une espèce de dream team avec notamment l'incroyable chanteur et flûtiste David Longdon (qui avait été pressenti pour remplacer Phil Collins dans Genesis avant que Tony Banks et Mike Rutherford ne jettent leur dévolu sur le non moins méritant Ray Wilson), le batteur Nick D'Virgilio (Spocks Beard) déjà présent sur le précédent album, Francis Dunnery (ex IT Bites) à la guitare, Jem Godfrey (Frost) aux claviers, et David Gregory (XTC) à la guitare pour ne citer que les plus connus.

Nous sommes en automne et "The Underfall Yard" s'accorde parfaitement avec cette saison cousue de moments de grâce qui ne durent pas, ornée de feuillages pourpres ou mordorés, une palette riche en couleurs, une période propice à la mélancolie.

Big Big Train : un groupe à la carrière relativement confidentielle, injustement méconnu hormis pour quelques curieux dont vous faites désormais partie.

Egalement à écouter : The Different Machine (2007).

Extrait : Winchester Diver

Extrait : The Underfall Yard


écrit par Patrice le jeudi 04 novembre 2010 (x) à 6:14 PM
categories: Rock Progressif


lundi 25 octobre 2010

ANNA MARIA JOPEK & PAT METHENY - Upojenie (2002)

Cover Anna Maria Jopek est une chanteuse polonaise et une artiste déjà confirmée dans son pays lorsque sort en 2002 l'album "Upojenie", fruit de sa collaboration avec le guitariste américain Pat Metheny. En fait, cet album est un assemblage plutôt réussi de chansons traditionnelles polonaises et de titres piochés dans l'immense discographie du guitariste et rearrangés pour l'occasion.

Cet album charismatique oscille entre folklore local et jazz en passant par la bossa façon Eliane Elias pour une musique tendre et sensuelle. Anna Maria chante en polonais quelques-unes des plus belles ballades de Pat Metheny qui omniprésent, colorise et nuance les saveurs qui parcourent ses mélodies.

On se plait et on s'amuse à reconnaître quelques morceaux enigmatiques du guitariste derrière d'improbables titres en polonais comme par exemple "So May It Secretly Begin" de l'album "Street Life Talking" derrière "Mania Mienia", "Follow Me" de l'album "Imaginary Day" derrière "Tam, Gdzie Nie Siega Wzrok" ou bien encore "Another Life" de l'album "Speaking Of Now" derrière "Me Jedyne Niebo".

Un très bel album qui a offert la reconnaissance internationale à Anna Maria Jopek et que l'on préferera à sa copie de 2008 avec les textes traduits en anglais. C'est une surprise, mais la langue polonaise se prête bien au jazz à moins que cela ne soit le contraire. Un grand moment de douceur et de sérénnité. Il faut juste se poser et laisser aller ses oreilles, la tête et le cœur suivront.

Line-up : découvrez d'excellents musiciens.

Egalement à écouter : Anna Maria Jopek : Secret (2008) - Pat Metheny : Offramp (1983) - Street Life Talking (1987) - Letter From Home (1989) - Secret Story (1992) - Imaginary Day (1997) - The Way Up (2005).

Extrait : Upojenie

Extrait : Mania Mienia


écrit par Patrice le lundi 25 octobre 2010 (x) à 10:41 PM
categories: Jazz Vocal


lundi 11 octobre 2010

NIKKI YANOFSKY / Nikki (2010)

Cover Mon coup de coeur de la semaine sera pour le premier album studio de la jeune chanteuse de Montréal, Nikki Yanofsky. Agé d'à peine 16 ans, elle possède une voix en or et chante comme si elle avait 20 ans de métier (illustration avec la vidéo proposée en cliquant sur l'image ci-contre).

Réalisé par Phil Ramone (Ray Charles, Frank Sinatra, Burt Bacharach, Paul Simon) et Jesse Harris (Norah Jones), ce disque alterne (au sens propre) titres jazz et morceaux pop-jazzy à la Norah Jones ou Katie Mélua, les uns comme les autres étant dopés à grand renfort de cuivres. Un opus sur lequel on retrouve des classiques comme "Take The "A" Train" de Duke Ellington, "God Bless The Child" écrit par Billie Holiday et "Over the Rainbow" chanté par July Garland dans le Magicien d'Oz ainsi que des compositions co-écrites par l'adolescente. La chanteuse Feist a également concocté un titre tout spécialement pour Nikki, la chanson "Try, Try, Try".

Cet album reflète donc l'amour de la jeune fille pour la pop traditionnelle, la soul et le jazz (on connait son admiration pour Ella Fitzgerald depuis qu'elle a enregistré en 2007, à seulement 13 ans, "Airmail Special" pour l’album "We All Love Ella Celebrating the First Lady of Song", avec entre autres Diana Krall et Natalie Cole, et sorti en 2008 son premier album de jazz toujours dans le cadre d'un hommage appuyé à Ella son artiste préférée, "Ella... of Thee I Swing" enregistré en live le 11 octobre 2007 à la Place des Arts de Montreal).

Ce mélange des genres n'est pas sans me rappeler Jamie Cullum, un artiste qui rencontre un certain succès. Il y a tout de même un risque à chercher à plaire à tout le monde, c'est de ne satisfaire personne. L'amateur de jazz comme celui de musique pop, n'y trouvant finalement pas totalement leurs comptes. Espérons que cette jeune chanteuse au devenir prometteur saura trouver sa voie.

Egalement à écouter : Ella...of Thee I Swing (2008).

Extrait : On The Sunny Side Of The Street / Fool In The Rain


écrit par Patrice le lundi 11 octobre 2010 (x) à 9:42 AM
categories: Jazz Vocal


jeudi 30 septembre 2010

AGENTS OF MERCY / The Fading Ghosts Of Twilight (2009)

Cover Si la Suède est un contributeur majeur au Rock Progressif et enfante autant de groupes, elle le doit principalement au guitariste, chanteur et multi compositeur Roine Stolt. Agents Of Mercy est le nouveau projet de l'infatigable leader des Flower Kings qui après avoir multiplié les collaborations (Kaipa, The Tangent, Transatlantic, etc), part de nouveau à l’aventure avec le chanteur Nad Sylvan dont le timbre de voix n’est pas sans rappeler celui de Peter Gabriel au temps du Genesis des années 70.

Si les sources d'inspirations ne manquent pas à cet opus entièrement composé par le guitariste, derrière le masque se cache une authentique ode aux seventies. Cet hommage résonne comme une invitation chaleureuse et laisse quelques impressions mémorables. A commencer par le morceau éponyme à l’accent légèrement genesien, tout comme peut l'être "Heroes and Beacons". Loin d'être une copie "The Fading Ghosts of Twilight" est un véritable arrangement Stoltien qui donne à cette œuvre un côté lumineux et mélancolique, la lenteur du tempo utilisé renforçant l'aspect fantasmagorique du titre.

Mais à côté de cette glorification d'un rock progressif à l'ancienne avec des morceaux au format assez long, on trouve quelques trésors mélodiques, "Afternoon Skies", "Jesus On the Barricades", plus taillés pour la radio même s'ils respectent la ligne de conduite rétro recherchée dans ce projet.

Variés à souhait, les solos rebondissent comme des perles entre les oreilles. Ils prouvent une fois de plus le travail remarquable de Roine Stolt, qui a su s’entourer de quelques pointures du monde du rock progressif : Pat Mastelotto (King Crimson), Zoltan Csörsz (Karmakanic, Flower Kings), Jimmy Keegan (Santana, Spock's Beard live) à la batterie, Jonas Reingold (Flower Kings, Karmakanic) à la basse, Biggo Zelfires (Walrus Farm) aux mellotron, piano et autres sons d’orgues.

Un disque mélodique très réussi, moins grandiloquent que ceux de Flower Kings, véritable rayon de soleil où le bonheur musical se conjugue avec une vraie sincérité vintage.

Note : The Flower Kings est le groupe suédois qui a permis de redonner un nouveau souffle au rock progressif depuis les années 90. Il mélange mélodies touchantes et rythmiques très complexes, polyphonies vocales et instruments vintage (mellotron, orgue) ou modernes, humour et jazz, le tout avec des textes positifs dans un esprit assez hippie.

Egalement à écouter : The Flower Kings / The road back home (2007) - The Tangent / Not as good as the book (2008) - Kaipa / Mindrevolutions (2005).

Extrait : The Fading Ghosts Of Twilight

Extrait : Afternoon Skies


écrit par Patrice le jeudi 30 septembre 2010 (x) à 9:41 AM
categories: Rock Progressif


mercredi 22 septembre 2010

JACK THE RIPPER / Ladies First (2005)

Cover Découvert lors d'une fouille de type archéologique (lol) dans les bacs "Variétés Internationales" de ma médiathèque préférée, Jack The Ripper est en définitive un groupe français. "Ladies First" est leur troisième et dernier opus, le chanteur ayant été écarté afin que les musiciens se consacrent à un nouveau projet : The Fitzcarraldo Sessions, une collaboration avec d'autres voix (Moriarty, Stuart Staples, Dominique A, Syd Matters, etc).

Si le disque s'ouvre sur une ballade calme et douce, Jack The Ripper nous plonge très vite dans une ambiance malsaine et sombre avec parfois des soubresauts d'humanité ou de lumière. La musique se fait tantôt aérienne, tantôt psychédélique, tantôt tzigane, tantôt jazzy pour créer un tout indéfinissable : le style Jack The Ripper !

La voix démoniaque du chanteur sublime les chansons et laisse une empreinte indélébile. Instrument a part entière, elle murmure, parle, chante, crie, tantôt séduisante, tantôt inquiétante. Les textes surréalistes d'Arnaud Mazurel plonge à corps perdu dans la mythologie et la littérature du XVIe siècle. Que l'on soit anglophone ou non, des images nous viennent à l'esprit, la bande son d'un film sur Jack l'éventreur ?

Car l'éventreur nous attend, et nous savons bien qu'on en sortira pas indemne, mais nous nous pressons et entrons dans la ronde maladive de ce groupe aux mélodies tourmentées. Et c'est bien là toute la beauté : rarement décadence de l'âme n'avait semblée si glamour, si bien habillée, si charnelle.

Line-up : Arnaud Mazurel (vocals) - Alexandre Irissou (piano, keyboards, computer) - Hervé Mazurel (electric & acoustic guitar, mandolin) - Dominique Martin (electric guitar, piano) - Thierry Mazurel (bass & double bass) - Fabrice Fenaux (drums) - Adrien Rodrigue (violkin & viola) - Aka de Kebnakaïze (trumpet & buggle).

Egalement à écouter : Jack The Ripper / I'm Coming (2003) - The Fitzcarraldo Sessions / We hear voices (2009).

Extrait : I Used To Be A Charming Prince


écrit par Patrice le mercredi 22 septembre 2010 (x) à 6:30 PM
categories: Alternatif


jeudi 16 septembre 2010

PLAYING FOR CHANGE / Songs Around the World (2009)

Cover Playing for change est un projet lancé il y a 5 ans par un producteur américain, Mark Johnson, avec l'idée de relier tous les peuples et tous les habitants de la planète. Avec son équipe il décide de partir à la rencontre des musiciens de rue, de leur faire jouer séparément un morceau identique et de les filmer.

Roger Ridley, chanteur et guitariste noir américain officiant dans les rues de Santa Monica en Californie est le premier à prendre le micro du studio itinérant pour chanter "Stand By Me". Puis des musiciens du monde entier, pour la plupart des artistes de rue tel Grandpa Elliot un extraordinaire chanteur de la Nouvelle-Orléans, reprennent chacun dans leur coin le standard de Ben E. King. Résultat ? Dix millions de clics sur YouTube et d’autres morceaux qui suivent selon le même procédé : "One Love" et "War/No More Trouble" de Bob Marley, "Biko" de Peter Gabriel ou encore "Talkin' Bout a Revolution" de Tracy Chapman.

Népal, Irlande, Afrique du Sud, Israël, Congo, Inde, France, Zimbabwe, la liste des pays arpentés par le studio d'enregistrement sur roulettes est longue. Un CD et un DVD, "Playing for Change - Songs Around the World" avec les participations de Manu Chao et Bono, réunissent les multiples interprétations chorales de ces classiques revisités par une sitar, un violon oriental, un bodhran irlandais, des percussions congolaises ou une guitare sud-africaine. C'est comme cela que des reggae men du Congo ou du Ghana côtoient Bono, des choeurs irlandais, indien ou zoulou. Créant la surprise, le disque a atteint la 10e position des charts US.

Toutes ces pérégrinations à travers le monde, avec un simple studio mobile, donnaient alors corps au lancement de l’association Playing For Change qui rassemble autour de l'univers musical des hommes et des femmes venus de pays différents et montre que la musique peut faire sauter les frontières. Les ventes serviront à construire des écoles de musique dans les ghettos et les bidonvilles à travers le monde.

Ne boudez pas votre plaisir, regardez cinq vidéos issues du DVD de l'album (cliquer sur l'image) et visitez le site officiel (cliquer sur le lien).

Extrait : War / No More trouble


écrit par Patrice le jeudi 16 septembre 2010 (x) à 11:35 PM
categories: World Music


jeudi 09 septembre 2010

RAY LAMONTAGNE / God Willin' And The Creek Don't Rise (2010)

Cover Comme un secret bien gardé qu’on ne transmet qu’aux amis chers, le nom de Ray LaMontagne demeure encore bien confidentiel. Entouré de son groupe de scène, il vient de sortir au mois d'Août son quatrième album après trois disques couronnés de succès, encensés par la presse française et internationale. Un country-folk paisible et mélancolique, un bijou d’écriture.

Pour la première fois, l’album a été entièrement auto-produit, enregistré en deux semaines dans la maison de LaMontagne, qui se trouve dans une forêt à l’ouest du Massachusetts. Fraîchement rénovée, la bâtisse historique a servi de studio d’enregistrement pour Ray et ses camarades musiciens. Un cadre idéal pour la création de chansons imprégnées de l’inimitable et poignante signature de Ray.

Avec sa voix au premier plan et un son relâché, presque live, l’album se présente comme l’oeuvre d’un groupe au sommet de sa maîtrise. Le groupe rebaptisé "The Pariah Dogs" est composé de musiciens qui, individuellement, ont contribué sur scène aux univers musicaux d’artistes tels que Beck, Joe Henry, Tom Waits, Lucinda Williams, Ryan Adams et Joe Cocker, entre autres.

Au rang des influences de ce songwriter tendance soul figurent Stephen Stills (Crosby, Stills and Nash), Bob Dylan, Joni Mitchell ou Neil Young, autant que Ray Charles ou Otis Redding. Elles se reflètent dans ses albums toujours teintés de soul et de folk mélodieux, dont la source d'inspiration est puisée dans son expérience. Grâce à un folk épuré et une voix extraordinaire, l’américain Ray Lamontagne s’est imposé comme l’un des songwriters de référence de la nouvelle génération.

Line-up : Ray Lamontagne (vocal, acoustic guitar, harmonica) - Jay Bellerose (drums) - Jennifer Condos (bass) - Eric Heywood (electric guitar, pedal steel guitar, acoustic guitar) - Greg Leisz (electric guitar, pedal and lap steel guitar, banjo, acoustic resonator, mandola) - Patrick Warren (keyboard) - Ryan Freeland (accordion).

Egalement à écouter : Trouble (2004) - Till The Sun Turns Black (2006) - Gossip In The Grain (2008).

Extrait : God Willin' & The Creek Don't Rise


écrit par Patrice le jeudi 09 septembre 2010 (x) à 11:07 PM
categories: Folk


mardi 24 août 2010

QUIDAM / Strong Together [Live at Oskard] (2010)

Cover Quidam (groupe Polonais néo progressif injustement méconnu dans notre pays, à ne pas confondre avec le rock band français de Clermont-Ferrand) a sorti il y a quelques semaines un luxueux coffret (DVD + 2 CD) très séduisant d'un concert donné dans son pays d'origine et reprenant l'intégralité du concept album "Alone Together" entrecoupé de titres plus anciens.

Leur musique, soigneusement travaillée et d'un niveau de respectabilité rarement atteint, est un équilibre entre longs titres atmosphériques, passages intimistes et parties plus énergiques. Les flutes et le violon que l'on retrouvent ici et là confèrent un climat délicieusement nostalgique à un ensemble parfaitement maitrisé.

Le plaisir de l'écoute passe également par les bouts de reprises disséminés au gré des compositions tels que « Red » de King Crimson, « Riders On The Storm » des Doors, « Hush » de Deep Purple ou « Wish You Were Here » de Pink Floyd. Les reflets colorés d’une musique de haute volée au son euphorisant, pleine d’ornements mais assez légère pour vouloir y regoûter. L’introduction idéale vers un univers gourmand.

Line-up : Bartek Kossowicz (vocals, percussion) - Zbyszek Florek (keyboards, backing vocals) - Maciek Meller (guitar, acoustic guitar, backing vocals) - Maciek Wróblewski (drums) - Jacek Zasada (flutes, xaphoon, percussion, bass guitar on "Wish You Were Here", backing vocals) - Mariusz Ziólkowski (bass guitar, 12-string guitar on "Wish You Were Here").

Guests : Tylda Ciolkosz (violin) - Piotr Rogóz (alto sax) - Michal Florczak (visuals on "Alone Together").

Egalement à écouter : Alone Together (2007) - Surevival (2005).

Extrait : Depicting Colours Of Emotions


écrit par Patrice le mardi 24 août 2010 (x) à 8:04 PM
categories: Rock Progressif


dimanche 20 juin 2010

RAZIA SAID / Zebu Nation (2010)

Cover Avide de nouveauté, toujours gourmant d'une nouvelle voix, c'est en fouillant au hasard dans les bacs de ma médiathèque préférée que j'ai découvert Razia. Laissez moi vous en conter quelques mots.

Razia Said est née sur la côte orientale de Madagascar d'une mère afro-arabe et d'un père indien. A onze ans elle part vivre au Gabon où elle chante dans la chorale de l'école. A l'adolescence ses parents l'inscrivent dans un pensionnat en France où elle commence à écrire et composer ses chansons. Un doctorat de pharmacologie en poche, Razia parcourt le monde (Italie, Bali, Ibiza) pour s'arrêter à Harlem, New York, où elle se produit dans les salles les plus connues. En février 2007, Razia retourne sur la terre natale qu'elle avait quitté enfant. Elle y rencontre des musiciens locaux qui l'inspirent mais constate également les dommages subis par les forêts de son pays. De cette expérience naît Zébu Nation, un album de dix morceaux qui puise ses racines dans l'histoire musicale de Madagascar. Ses compositions s'inspirent du tsapiky et du salegy, deux styles musicaux malgaches, mariés à des arrangements contemporains et à sa voix douce, avec pour résultat un florilège de chansons entraînantes.

Pour Zebu Nation, elle a fait appel à quelques-uns des meilleurs musiciens de cette île de l'océan indien comme le guitariste et joueur de marovany (instrument à cordes malgache) Dozzy Njava et l'accordéoniste mondialement reconnu Regis Gizavo.

En plus de livrer un message d'urgence, Zebu Nation brosse un portrait personnel et émotif de Madagascar. Des chansons telles que Yoyoyo et Mifohaza témoignent de la richesse des sons et des rythmes malgaches tandis que Omama constitue un message d'amour et un remerciement à sa grand-mère qui vit toujours sur l'île.

Ses mélodies sont envoûtantes et ses textes, remplis d'optimisme et de lumière, parlent de la réalité de la vie quotidienne. «Je ne peux chanter que ce que je suis, et je suis tous ces mondes. Je crois en un monde sans frontières. Je suis convaincue que l'art est le véhicule d'une meilleure conscience de l'homme : les enfants et l'art sont le dernier espoir du genre humain ».

Extrait : Babonao


écrit par Patrice le dimanche 20 juin 2010 (x) à 1:22 AM
categories: World Music


dimanche 13 juin 2010

JOANNE SHAW TAYLOR / White Sugar (2009)

Cover Encore sous le charme du fabuleux concert d'Ana Popovic au Jazz and Blues Festival de Léognan, voici un autre phénomène de la scène blues-rock au féminin. Joanne Shaw Taylor est une jeune anglaise née en 1985 au style énergique et percutant, nourri à la sève de ses idoles Albert Collins et Steve Ray Vaughan, porté par un gros son de guitare et une voix enrouée idéalement taillée pour le blues.

Découverte par Dave Stewart alors qu'elle avait 16 ans, l'ex-Eurythmics dira d'elle : "Cette jeune Anglaise joue de la guitare avec une fougue et une passion qui m'ont fait dresser les cheveux sur la tête…"

Une guitariste avec un feeling monstre, des solos plus que séduisants à faire rougir bien des bluesmen. Un renouveau prometteur dans le blues contemporain à tendance rock.

Exceptionnellement deux morceaux en écoute plus une vidéo en cliquant sur l'image.

Extrait : Going Home

Extrait : Blackest Day


écrit par Patrice le dimanche 13 juin 2010 (x) à 4:11 PM
categories: Blues


vendredi 04 juin 2010

MARCUS MILLER / A Night in Monte-Carlo (2010)

Cover Retour au jazz avec le dernier album de Marcus Miller enregistré en public le 29 novembre 2008 lors du Monte-Carlo Jazz Festival pour une soirée exceptionnelle. Accompagné par l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (près d'une trentaine de musiciens) et entouré de quelques pointures comme le trompettiste Roy Hargrove et le chanteur guitariste Raul Midon, il revisite son répertoire ainsi que quelques thèmes qui lui sont chers, dont ceux de Miles Davis.

Car après avoir joué avec Lenny White et David Sanborn, Marcus Miller a véritablement commencé sa carrière en rejoignant le célèbre trompettiste en 1981 pour une collaboration de près de 10 ans. Bassiste multi-instrumentiste il affectionne tout particulièrement la clarinette basse, instrument dont il joue régulièrement en concert. Je retiendrai de cette période l'album "Tutu" véritable monument du jazz moderne et grand succès de Miles Davis, qu'il a entièrement composé et produit.

Sur "A night in Monte-Carlo" il a su adapter son jeu de basse et ne pas focaliser la musique autour de son instrument comme c'est trop souvent le cas. J'en ai été personnellement témoin lors du concert de Marciac en 2005 et à moins de tomber en pâmoison devant un solo de basse de 2 heures, cela se révèle particulièrement pénible. Ici des musiciens comme Roy Hargrove sur "Amandla" et "I'm Glad There Is You" ou Raul Midon sur "State of Mind" et "Your Amazing Grace" ont toute la place pour exprimer leur talent. Le tout donne un album magnifique, classieux et très original qui comblera à la fois vos oreilles et votre discothèque.

Line up : Marcus Miller : basse, clarinette basse - Roy Hargrove : trompette - Raul Midon : chant, guitare - Alex Han : sax alto - DJ Logic : platines - Frederico Gonzales Pena : piano, claviers, percussions - Poogie Bell : batterie - Herbie Hancock : piano on 'Strange Fruit'

Egalement à écouter : M2 (2001) élu Meilleur Album de Jazz Contemporain aux Grammy Awards 2002 - Power The Essential (2006) sorte de best of.

Marcus Miller et Roy Hargrove seront chacun en quintet en concert à Marciac le 31 juillet.

Extrait : Blast!


écrit par Patrice le vendredi 04 juin 2010 (x) à 10:40 AM
categories: Jazz


samedi 22 mai 2010

ANA POPOVIC / Blind For Love (2009)

Cover Ana Popovic est une guitariste virtuose et chanteuse de blues né à Belgrade (ex Yougoslovie) en 1976. Ses compositions, son chant, son jeu de guitare et sa plastique sont à l'unissons, à savoir superbe. Mais vous qui visitez régulièrement ce blog vous savez que ce que j'apprécie tout particulièrement dans la musique ce sont les influences multiples dans l'oeuvre d'un artiste et celle d'Ana ne déroge pas à la règle. Si le blues constitue l'épine dorsale de ses compositions, elle n'hésite pas à y introduire du rock, du jazz, de la soul et même du reggae comme avec "Between our worlds" sur l'album Still making history.

Son blues est frais, subtil, ouvert aux autres genres donc et prend toute sa valeur sur scène où elle déborde de spontanéité et d’énergie. Sa technique guitaristique est impressionnante ce qui lui vaut d'être surnommée la Jimi Hendrix au féminin dans les milieux professionnels. Un aperçu ? Comme vous en avez l'habitude désormais, il suffit de cliquer sur l'image pour accéder à un bonus. Ici c'est la vidéo de "My Man" issue du concert à Amsterdam, jubilatoire non ?

Si je profite de son dernier album pour vous parler d'elle, ce n'est pas pour autant mon préféré. Je lui trouve un côté "grand public", voir pop comme sur le titre éponyme, auquel j'ai du mal à souscrire pleinement. Je ne saurais plutôt vous orienter vers Comfort to the soul plus à même de montrer le talent de la belle ou bien vers Still making history pour le pluralisme des compositions.

Pour conclure, Ana Popović est une véritable anomalie de la scène du blues à écouter et à voir sur scène : pourquoi pas au Jazz & Blues Festival de Léognan en Juin.

Egalement à écouter : Comfort to the soul (2003) - Ana! Live in Amsterdam (2005) - Still making history (2007)

Extrait : Wrong Woman


écrit par Patrice le samedi 22 mai 2010 (x) à 12:55 AM
categories: Blues


vendredi 14 mai 2010

TAL WILKENFELD / Transformation (2007)

Cover J'ai découvert Tal Wilkenfeld en regardant un concert de Jeff Beck au Ronnie Scott's Jazz Club (je vous conseille l'écoute de ce concert qui existe également en CD). Ce guitariste atypique de légende y était accompagné à la batterie par Vinnie Colaiuta (Frank Zappa, Chick Corea, Herbie Hancock, Sting), Jason Rebello au claviers (Wayne Shorter, Gary Burton, Brandford Marsalis, Sting) et par cette jeune bassiste alors inconnu pour moi et peut-être pour vous.

Pour vous la présenter en quelques mots, elle est née à Sydney en 1986 et devient professionnelle à 17 ans, seulement 3 ans après avoir commencé la basse. A 16 ans elle quitte son Australie natale pour les Etats-Unis, à 17 ans une firme de guitare lui offre un contrat et à 18 ans elle rejoint New-York et ses clubs de jazz. Elle joue avec des pointures comme Chick Corea, Hiram Bullock, Steve Vai, Russel Ferrante, les Allman Brothers et pas mal d'autres. En 2008 elle attire l'attention sur elle, en remportant le prix du nouveau bassiste le plus excitant du Bass Player Magazine. Elle est aujourd'hui la bassiste attitrée de Jeff Beck.

Elle enregistre Transformation en 2006, son seul disque solo à ce jour. Il est salué par la critique comme étonnant de maturité, sans démonstration gratuite ni de mise en avant exacerbée de la basse. C'est pour ma part un excellent opus de fusion comme je n'en avais plus écouté depuis longtemps. Il y a de l'énergie "BC", "Oatmeal Bandage" mais aussi beaucoup de feeling "Truth Be Told", "Table For One". Les mélodies ne sont pas oubliées ce qui fait de l'écoute de cet enregistrement un vrai instant de plaisir.

Cette bassiste est une talent-tueuse tant elle doit en désoler beaucoup avec sa technicité si précoce qui n'est pas sans rappeler un certain Jaco Pastorius. Il y a pire comme filiation.

Line-up : Tal Wilkenfeld (Basse), Wayne Krantz (Guitare), Keith Carlock (Batterie), Geoffrey Keezer (Piano), Seamus Blake (Saxophone).

Egalement à écouter : Jeff Beck / Performing this week... Live at Ronnie Scott's Jazz Club (2008) - Jeff Beck / Emotion & Commotion (2010)

Extrait : The River Of Life


écrit par Patrice le vendredi 14 mai 2010 (x) à 1:22 AM
categories: Jazz


dimanche 09 mai 2010

BELO / Reference (2008)

Cover Retour sur un album sorti en 2008 et qui depuis revient régulièrement faire un tour sur ma platine. Récompensé en 2006 par le prix Découvertes RFI pour son premier album "Lakou Trankil", le chanteur haïtien à la voix de velours sort un magnifique album au style inclassable, mélange de musiques caraïbéennes avec une forte teneur en musique traditionnelle haïtienne, auxquelles s’ajoutent du reggae, le tout dans une atmosphère très jazzy.

Ces multiples influences sont le fruit de sa collaboration avec des musiciens venus de divers horizons. Le guitariste Andy Barrow, "un Américain qui a grandi en Afrique et vécu pendant plusieurs années en Haïti", le pianiste argentin Gabriel Saientz, le bassiste Richard Bona (formidale showman, à voir absolument en concert), le saxophoniste Jowee Omicil, le batteur costaricain Carlomagno Araya ou encore le saxophoniste hispano-vénézuelien Ed Callé, aperçu entre autres aux côtés de Franck Sinatra et Michael Bolton. Fabrice Rouzier est lui aussi de la partie. Ce producteur et instrumentiste qui a son nom sur plus de 250 albums a été le premier à croire au talent de Bélo en produisant "Lakou Trankil".

Artiste complet, il est auteur, compositeur et interprète, Bélo est une « révélation haïtienne » à découvrir.

Egalement à écouter : Lakou Trankil (2005) et si vous cliquez sur l'image, le clip du premier single de l'album "Deblozay".

Extrait : Ayiti Leve


écrit par Patrice le dimanche 09 mai 2010 (x) à 4:35 PM
categories: World Music


dimanche 25 avril 2010

RAUL MIDON / Synthesis (2009)

Cover Raul Midon est un songwriter afro-américain aveugle de naissance au style inclassable. Une voie chaude et profonde habitée par la soul de Stevie Wonder (qu'il compte parmi ses fans) capable de reproduire le timbre d'une trompette ou d'un saxophone mais aussi un talentueux guitariste.

Synthesis, sorti en novembre 2009, est son troisième album après l'excellent "State of mind" sorti en indépendant en 2005 et "A world within a world" produit par Arif Mardin (Aretha Franklin, Norah Jones) en 2007.

A travers onze chansons, il nous emmène dans son univers soul patinée de folk "Bonnie's song", de blues "Don’t take it that way", de pop "Next generation", de bossa "Everyone deserves a second chance", de reggae "Invisible chains", voire de funk "About you". Sa reprise de "Blackbird" des Beatles tout en apesanteur avec cette fausse "trompette" est extraordinaire.

Pour la petite histoire Raul Midon a commencé sa carrière en tant que choriste pop latino de Shakira, Jennifer Lopez, Christina Aguilera, Julio Iglesias avant de collaborer avec des légendes du jazz telles que Dave Valentin, Dave Samuels, Herbie Hancock.

Ecouter le très bon album de Marcus Miller "A night in Monte-Carlo" qui vient de sortir. Raul Midon y intervient avec classe de même que Roy Hargrove (trompette). Je vous en reparlerai.

Egalement à écouter : State of mind (2005)

Extrait : These Wheels


écrit par Patrice le dimanche 25 avril 2010 (x) à 5:04 PM
categories: Soul


samedi 17 avril 2010

UNITOPIA / The Garden (2008)

Cover Si le rock progressif a été inventé par les anglais (Pink Floyd, Genesis, King Crimson, Camel, Yes) les australiens d'Unitopia en ont tiré tous les enseignements pour n'en restituer que le meilleur. Tout d'abord sur la forme cet opus est un double album concept c'est à dire dans la tradition du genre des années 70, l'artwork de la pochette très progressive rock, le décor est planté.

Sur le fond, leur musique est d'une richesse incroyable. Les arrangements sont extrêmement soignés et l'agencement des titres nous fait voyager de l'acoustique aux riffs hard-rock en passant par le jazz, le symphonique, la musique ethnique, le piano classique. Parfois on retrouve tout cela au sein d'un même morceau tel que "The Garden", pièce maitresse en cinq actes de plus de 22 minutes, "Journey's Friend" ou encore "Angeliqua" qui s'ouvre sur une belle voix féminine et des accents moyen-orientaux.

Au gré des plages, on se laisse bercer par les mélodies ciselées, une voix agréable et transcendante, un saxophone soprano soupoudré ici et là mais toujours expansif et virevoltant, des synthés veloutés façon seventies, des parties instrumentales riches qui explorent des sonorités et des ambiances variées. La technicité est ici au service de l'émotion, d'une musique inspirée, pour amener l'auditeur au paradis.

Passer à côté de cet album c'est prendre le risque de se facher durablement avec ses oreilles...ça serait ballot.

Line-up : Mark Trueack (vocals), Sean Timms (keyboards, guitars), Matt Williams (guitars), Monty Ruggiero (drums), Shireen Khemlani (bass), Mike Stewart (saxophones, flutes), Tim Irrgang (percussions), Adelaide Art Orchestra (dirigé par Tim Sexton).

Egalement à écouter : More Than A Dream (2005) - Artificial (2010) sortira le 03/05/10 en Europe.

Il est impossible en un unique morceau de rendre compte de l'univers de cet opus, c'est un concept album et comme tout concept album il faut l'écouter dans sa globalité. Mais loin d'être un supplice, c'est ici un pur moment de bonheur, un pas décisif dans la quête du Graal.

Extrait : Here I Am


écrit par Patrice le samedi 17 avril 2010 (x) à 2:08 PM
categories: Rock Progressif


mercredi 14 avril 2010

YOUSSOU N'DOUR / Dakar - Kingston (2010)

Cover Tout est dans le titre. Youssou N'Dour, ambassadeur de la musique africaine, dresse un pont entre ce continent et la Jamaïque ce qui n'est pas sans rappeler celui, beaucoup moins sympathique, qui pendant près de quatre siècles a arraché des millions d'Africains à leurs foyers et constitué le plus grand mouvement de déportation de l'histoire.

Sous la férule de Tyrone Downie, clavier de Bob Marley pendant 12 ans, il revisite son répertoire en le collorant pour la première fois de rythmes jamaïcains. Des morceaux comme "Joker" et "Bamba" y trouve une deuxième vie à côté de nouvelles compositions tout à fait convaincantes à l'instar du titre qui ouvre l'album "Marley", coécrit avec Yusuf Islam et Tyrone Downie en hommage à maître Bob (voir le clip ? cliquer sur l'image... oui je sais, c'est dingue).

Sur trois titres, Youssou N'Dour partage le chant avec Patrice Bart-Williams, musicien allemand d'origine sierra-léonaise ("Joker"), Ayo, auteur-compositeur d'origine nigériane ("Africa Dream Again") et le groupe Morgan Heritage ("Don't Walk Away").

Si Youssou N'Dour ne révolutionne pas le Reggae (mais personne ne lui a demandé), il n'en réussi pas moins un excellent album à savourer sans modération.

L'ensemble est orchestré par le célèbre Tyrone Downie (clavier) avec entre autres Dan Fraser Cannon (saxophone), Michael Fletcher (basse) et Earl 'Chinna' Smith (guitare).

Egalement à écouter : Alsaama Day (2007)

Extrait : Bamba


écrit par Patrice le mercredi 14 avril 2010 (x) à 9:38 AM
categories: Reggae


vendredi 02 avril 2010

MARIO BIONDI / A handful of soul (2007)

Cover Mario Biondi est un chanteur italien doté d'une très belle voix chaude et sensuelle de crooner américain que l'on pourrait rapprocher de celle d'un Barry White.

Si son dernier album (If sorti fin 2009) est plus orienté Soul, je lui préfère cet album ci dans lequel il associe la Soul et le Jazz avec une évidente exigence de qualité servi en cela par le High Five Quintet, formation de jazz qui connait un certain succès en Italie depuis plusieurs années et dans laquelle jouent Fabrizio Bosso à la trompette et Daniele Scannapieco au saxophone qui conduisent des carrières internationales importantes.

Si Mario Biondi sait rendre hommage avec talent à des auteurs tels que à Al Kooper (la version de I Can’t Keep From Cryin’ Sometimes est à couper le souffle), à l’incontournable Bill Withers "I’m her Dady" et aux créateurs de la bossa nova, il n’est est pas moins un auteur de qualité. Il signe en effet non seulement le titre "This is what you are" qui est devenu un énorme « tube » mais également deux autres titres, le premier "No Mercy For me" sensuel et langoureux, l’autre "Gig" aussi élégant que swing.

Pour faire court, entendre chanter et swinguer Mario Biondi fait du bien aux oreilles et à l’âme

Fabrizio Bosso (trompette), Daniele Scannapieco (saxophone ténor), Luca Mannutza (piano), Pietro Ciancaglini (contrebasse) et Lorenzo Tucci (batterie).

Egalement à écouter : If (2009)

Extrait : This Is What You Are


écrit par Patrice le vendredi 02 avril 2010 (x) à 10:58 PM
categories: Jazz Vocal


mardi 30 mars 2010

AVISHAI COHEN / Aurora (2009)

Cover Mon premier coup de coeur sera pour ce contrebassiste Israélien rencontré à Marciac cet été. Compositeur avant tout, il est désormais le porte drapeau d'un jazz moderne et décomplexé. Son inspiration, fruit d'un métissage dense et émouvant, il la trouve dans ses racines, son histoire.

Aurora est son dixième opus mais le premier sur lequel ce bassiste et pianiste de grande classe s'essaye, avec bonheur, au chant. Plus consensuel que dans ses précédentes productions, il sait installer un climat en quelques secondes et émouvoir en trois notes.

Mélant des thèmes moyen-orientaux, percussions indiennes, rythmes d'Europe de l'Est, c'est d'une voix douce qu'il module des textes en anglais, hébreu et ladino. Sa musique est faite de retenue, de pudeur et de sincérité manifeste à l'image de ce qu'il montre dans ses concerts.

Outre Shai Maestro (piano), Hamar Doari (percussions), Amos Hoffman (oud), Karen Malka (chant), on a plaisir à retrouver les frères Belmondo sur quelques pistes.

Egalement à écouter : Gently Disturbed (2007)

Extrait : El Hatzipor


écrit par Patrice le mardi 30 mars 2010 (x) à 6:35 PM
categories: Jazz Vocal