lundi 08 avril 2013
NADEAH - Venus Gets Even (2012)
Voici un album délicieusement décalé, pas une pépite mais un
excellent disque résolument tendance et atypique. Ancré dans un passé
type cabaret rétro-chic, la belle australienne charme admirablement nos
oreilles avec une musique jazzy et cool.
La première chanson "Odile" (voir la vidéo) fait démarrer l’album sur les chapeaux de roue dans un esprit qu’on retrouve plus tard sur l’autre très bon morceau "Hurricane Katrina" où l’intensité du piano, des cuivres et des cordes oscille et, accompagné des chœurs, monte crescendo. Ces deux chansons entraînantes sont tout de suite irrésistibles tout comme "Whatever Lovers Say" avec son rythme pop rock, le seul de l'album.
À côté de titres riches et denses, on trouvera des moments bien plus sensibles et dépouillés comme "Suddenly Afternoons", "Song I Just Wrote" ou encore "Tell Me", au travers desquels la voix, remarquable par ailleurs, se fera presque murmure.
Mais Nadéah sait aussi dépasser ces influences pour déstructurer ses chansons atteignant une sorte de summum sur "Scary Carol", l'une de mes préférées, qui voit le spoken-word lancinant des couplets se mêler à des refrains héroïques et très dansants.
Un disque bourré d’émotions aux arrangements absolument remarquables qui mettent en valeur les chansons plutôt que de palier à un manque, comme c'est souvent le cas.
Extrait : At The Moment
Extrait : Scary Carol
Extrait : Hurricane Katrina
jeudi 01 mars 2012
AGNES OBEL - Philharmonics (2010)
Je ne sais pourquoi, mais depuis quelques mois, au milieu de tout ce
que j'écoute, je suis irrésistiblement interpellé par les productions
minimalistes. Dans le cas présent, la pochette, portrait et coiffure
dignes des oeuvres romantiques anglaises du XIX°, ainsi que le titre de
l'album plantent le décor. On s'attend à entendre un piano dans un
registre relativement classique.
Dès les premières notes du disque cette impression se confirme mais très vite il convient de corriger ce sentiment. En plages 2 et 3, les deux meilleurs titres de l’album s’enchaînent et nous font tourner la tête. “Riverside”, une rivière de mélancolie et de tendresse, chanson de l'année au Danemark. La voix d’Agnes Obel y est extrêmement profonde et dégage énormément d’émotions. On n’est pas remis que le mélodieux “Brother Sparow” nous transperse la tête. Quelques notes toutes simples, mais tellement justes et efficaces. “Just So” (voir la vidéo) poursuit l’excellent travail et classe définitivement l’album parmi les grands crus. La suite du disque est de qualité, peut-être un peu moins accrocheuse que le début mais toujours avec des mélodies parfaites qui pourraient illustrer des scènes de films où tout peut chavirer d’un instant à l’autre ("Beat", "Avenue", "Philarmonics", "Close Watch"). Des moments où le temps est suspendu à une note de musique.
La jeune danoise a mis trois ans pour enregistrer ce premier album, une vrai réussite et un véritable bonheur pour tous ceux qui ont besoin de la musique pour vivre. Montez le son. Quand la musique d'Agnes Obel envahit l'espace, elle impose le silence. La marque des oeuvres qui comptent.
Un premier opus d'une grande maturité artistique, un enregistrement piano/voix mélancolique, enrichi de-ci de-là de quelques cordes de guitare ou de violoncelle. Agnes Obel nous délivre là une première galette classique/folk exquise.
Line-up : Agnes Obel : piano, vocals - Daniel Matz : beat (3, 7, 8) - Frederique Labbow : cello (5, 8, 10, 11, 12) - Isabelle Klemt : cello (5, 8) - Anne Müller : cello (7) - Robert Kondorosi : guitar (3) - Axel Brüel Flagstad : backing vocal (4)
Extrait : Riverside
Extrait : Brother Sparrow
mercredi 16 février 2011
VALENTINE'S DAY - Whatever You Want (2010)
Au lendemain de la Saint-Valentin quoi de plus normal que de vous
parler de Valentine's Day. A l'écoute on pourrait croire qu'ils
viennent de l'autre côté de l'Atlantique tant la chanteuse est capable
de faire frissonner et danser l'anglais, alors qu'en fait ils sont
Lillois. Le groupe s'est formé en 2005 autour de la très belle voix de Valentine
DERREUMAUX avec Ludovic FIERS au piano et claviers, David
REMY aux guitares, Yann GERARDIN à la basse et de Johannes
LEROY aux percussions et batterie. Partageant tous un impressionnant
bagage technique, façonné par les classes de différents conservatoires
et les expériences avec des musiciens comme Jean-Pierre COMO
et Louis WINSBERG (SIXUN), Eric TRUFFAZ, Flavio
BOLTRO, Didier LOCKWOOD ou Lionel BELMONDO, ces
musiciens ont élargi, chacun à leur façon, les textes de Valentine.
Les uns colorant ses chansons de touches plus jazz ou latino, les autres
accentuant des teintes blues, folk ou reggae.
Pendant quatre ans, Valentine's Day a rodé sa complicité et l’osmose de ces styles à l’épreuve de la scène. Sorti au mois de novembre, ce premier disque exerce une fascination riante. L'album s'avère complet et foncièrement attachant, misant tour à tour sur des morceaux rythmés, l'ensoleillé Whatever You Want, l'ultra catchy Just, le sensuel Lady Bug, les nuancés et ludiques Don't Give Up et Unbreakable ou encore le rock en filigrane sur Black Star et Weak qui s'avèrent alternatifs et plus que jamais métissés, le disco revival étonnant de Shame, les ballades rayonnantes (l'enchanteur My Hands et l'énergique Let's Go Back), mélancoliques (le touchant Piece After Piece) ou décalées (l'ensorcelant Seasons).
"Whatever You want" est une réussite qui mérite que l'on s'y attarde.
Extrait : Let's Go Back
Extrait : Road Of Love
Extrait : Just
mercredi 22 septembre 2010
JACK THE RIPPER / Ladies First (2005)
Découvert lors d'une fouille de type archéologique (lol) dans les
bacs "Variétés Internationales" de ma médiathèque préférée, Jack
The Ripper est en définitive un groupe français. "Ladies
First" est leur troisième et dernier opus, le chanteur ayant été
écarté afin que les musiciens se consacrent à un nouveau projet : The
Fitzcarraldo Sessions, une collaboration avec d'autres voix (Moriarty, Stuart
Staples, Dominique A, Syd
Matters, etc).
Si le disque s'ouvre sur une ballade calme et douce, Jack The Ripper nous plonge très vite dans une ambiance malsaine et sombre avec parfois des soubresauts d'humanité ou de lumière. La musique se fait tantôt aérienne, tantôt psychédélique, tantôt tzigane, tantôt jazzy pour créer un tout indéfinissable : le style Jack The Ripper !
La voix démoniaque du chanteur sublime les chansons et laisse une empreinte indélébile. Instrument a part entière, elle murmure, parle, chante, crie, tantôt séduisante, tantôt inquiétante. Les textes surréalistes d'Arnaud Mazurel plonge à corps perdu dans la mythologie et la littérature du XVIe siècle. Que l'on soit anglophone ou non, des images nous viennent à l'esprit, la bande son d'un film sur Jack l'éventreur ?
Car l'éventreur nous attend, et nous savons bien qu'on en sortira pas indemne, mais nous nous pressons et entrons dans la ronde maladive de ce groupe aux mélodies tourmentées. Et c'est bien là toute la beauté : rarement décadence de l'âme n'avait semblée si glamour, si bien habillée, si charnelle.
Line-up : Arnaud Mazurel (vocals) - Alexandre Irissou (piano, keyboards, computer) - Hervé Mazurel (electric & acoustic guitar, mandolin) - Dominique Martin (electric guitar, piano) - Thierry Mazurel (bass & double bass) - Fabrice Fenaux (drums) - Adrien Rodrigue (violkin & viola) - Aka de Kebnakaïze (trumpet & buggle).
Egalement à écouter : Jack The Ripper / I'm Coming (2003) - The Fitzcarraldo Sessions / We hear voices (2009).
Extrait : I Used To Be A Charming Prince