vendredi 03 décembre 2010
ZEN ZILA / Le Mélange Sans Appel (2000)
Alors que l'hiver nous écrase sous le froid et la neige, glisser cette
galette dans la platine c'est faire entrer des rayons de soleil dans le
salon. Zen Zila, c’est d’abord l’histoire d’une amitié,
l’aboutissement d’une rencontre en 1992 à Villeurbanne, entre deux
travailleurs sociaux, Wahid Chaib (chant) et Laurent Benitah (guitares),
qui décident de partager leur passion pour la musique. C'est à l'âge de
15 ans, tandis qu'il assiste à un concert de Carte de Séjour,
que Wahid Chaib découvre que l'on peut associer musique
française, musique arabe et rock. Une véritable révélation pour cet
enfant qui n'écoutait pas spécialement de musique ethnique à l'époque.
Leur musique est donc une fusion entre la culture orientale, le rock et la chanson française associée à un groove d'enfer. Avec des textes légers ou bien militants, chantés tantôt en arabe, tantôt en français, Zen Zila crée une musique festive au son exceptionnellement chaleureux et mélodique. A l'écoute on pense irrémédiablement à Rachid Taha et à Zebda mais point de plagiat ici, plutôt des influences bien assimilées au service d'une musique personnelle, sincère et attachante.
Alors que vient de sortir leur cinquième album "Levez-vous les invisibles", ma préférence va au premier opus "Le mélange sans appel". Comme souvent avec un premier album, on ressent l'émotion pure et l'énergie débordante des musiciens. Des titres comme "Rhouya", "ZenZila", "Voyager", "Salam", "Chérie madame", "Jonny Wasmerly" donnent immédiatement envie de bouger. Mais il y a aussi de beaux moments acoustiques "Au nom du père", "Bonne nouvelle", "Lettre à Lila". Impossible également de ne pas évoquer les hommages rendus à leur entourage et notamment aux femmes mariées de force à seize ans avec le superbe "Pour vous mesdames".
Un style singulier, un métissage éclatant de chanson française, de rock, et de musique orientale. Un bouillon de culture savoureux qui n’entre dans aucun cadre préfabriqué.
Egalement à écouter : 2 pulls overs 1 vieux costard (2003), Mais où on va comme ça (2005), Gueules de terriens (2008), Levez vous les invisibles (2010).
Extrait : Rhouya
Extrait : Chérie Madame
jeudi 16 septembre 2010
PLAYING FOR CHANGE / Songs Around the World (2009)
Playing
for change est un projet lancé il y a 5 ans par un producteur
américain, Mark Johnson, avec l'idée de relier tous les peuples et tous
les habitants de la planète. Avec son équipe il décide de partir à la
rencontre des musiciens de rue, de leur faire jouer séparément un
morceau identique et de les filmer.
Roger Ridley, chanteur et guitariste noir américain officiant dans les rues de Santa Monica en Californie est le premier à prendre le micro du studio itinérant pour chanter "Stand By Me". Puis des musiciens du monde entier, pour la plupart des artistes de rue tel Grandpa Elliot un extraordinaire chanteur de la Nouvelle-Orléans, reprennent chacun dans leur coin le standard de Ben E. King. Résultat ? Dix millions de clics sur YouTube et d’autres morceaux qui suivent selon le même procédé : "One Love" et "War/No More Trouble" de Bob Marley, "Biko" de Peter Gabriel ou encore "Talkin' Bout a Revolution" de Tracy Chapman.
Népal, Irlande, Afrique du Sud, Israël, Congo, Inde, France, Zimbabwe, la liste des pays arpentés par le studio d'enregistrement sur roulettes est longue. Un CD et un DVD, "Playing for Change - Songs Around the World" avec les participations de Manu Chao et Bono, réunissent les multiples interprétations chorales de ces classiques revisités par une sitar, un violon oriental, un bodhran irlandais, des percussions congolaises ou une guitare sud-africaine. C'est comme cela que des reggae men du Congo ou du Ghana côtoient Bono, des choeurs irlandais, indien ou zoulou. Créant la surprise, le disque a atteint la 10e position des charts US.
Toutes ces pérégrinations à travers le monde, avec un simple studio mobile, donnaient alors corps au lancement de l’association Playing For Change qui rassemble autour de l'univers musical des hommes et des femmes venus de pays différents et montre que la musique peut faire sauter les frontières. Les ventes serviront à construire des écoles de musique dans les ghettos et les bidonvilles à travers le monde.
Ne boudez pas votre plaisir, regardez cinq vidéos issues du DVD de l'album (cliquer sur l'image) et visitez le site officiel (cliquer sur le lien).
Extrait : War / No More trouble
dimanche 20 juin 2010
RAZIA SAID / Zebu Nation (2010)
Avide de nouveauté, toujours gourmant d'une nouvelle voix, c'est en
fouillant au hasard dans les bacs de ma médiathèque préférée que j'ai
découvert Razia. Laissez moi vous en conter quelques mots.
Razia Said est née sur la côte orientale de Madagascar d'une mère afro-arabe et d'un père indien. A onze ans elle part vivre au Gabon où elle chante dans la chorale de l'école. A l'adolescence ses parents l'inscrivent dans un pensionnat en France où elle commence à écrire et composer ses chansons. Un doctorat de pharmacologie en poche, Razia parcourt le monde (Italie, Bali, Ibiza) pour s'arrêter à Harlem, New York, où elle se produit dans les salles les plus connues. En février 2007, Razia retourne sur la terre natale qu'elle avait quitté enfant. Elle y rencontre des musiciens locaux qui l'inspirent mais constate également les dommages subis par les forêts de son pays. De cette expérience naît Zébu Nation, un album de dix morceaux qui puise ses racines dans l'histoire musicale de Madagascar. Ses compositions s'inspirent du tsapiky et du salegy, deux styles musicaux malgaches, mariés à des arrangements contemporains et à sa voix douce, avec pour résultat un florilège de chansons entraînantes.
Pour Zebu Nation, elle a fait appel à quelques-uns des meilleurs musiciens de cette île de l'océan indien comme le guitariste et joueur de marovany (instrument à cordes malgache) Dozzy Njava et l'accordéoniste mondialement reconnu Regis Gizavo.
En plus de livrer un message d'urgence, Zebu Nation brosse un portrait personnel et émotif de Madagascar. Des chansons telles que Yoyoyo et Mifohaza témoignent de la richesse des sons et des rythmes malgaches tandis que Omama constitue un message d'amour et un remerciement à sa grand-mère qui vit toujours sur l'île.
Ses mélodies sont envoûtantes et ses textes, remplis d'optimisme et de lumière, parlent de la réalité de la vie quotidienne. «Je ne peux chanter que ce que je suis, et je suis tous ces mondes. Je crois en un monde sans frontières. Je suis convaincue que l'art est le véhicule d'une meilleure conscience de l'homme : les enfants et l'art sont le dernier espoir du genre humain ».
Extrait : Babonao
dimanche 09 mai 2010
BELO / Reference (2008)
Retour sur un album sorti en 2008 et qui depuis revient
régulièrement faire un tour sur ma platine. Récompensé en 2006 par le
prix Découvertes RFI pour son premier album "Lakou Trankil", le chanteur
haïtien à la voix de velours sort un magnifique album au style
inclassable, mélange de musiques caraïbéennes avec une forte teneur en
musique traditionnelle haïtienne, auxquelles s’ajoutent du reggae, le
tout dans une atmosphère très jazzy.
Ces multiples influences sont le fruit de sa collaboration avec des musiciens venus de divers horizons. Le guitariste Andy Barrow, "un Américain qui a grandi en Afrique et vécu pendant plusieurs années en Haïti", le pianiste argentin Gabriel Saientz, le bassiste Richard Bona (formidale showman, à voir absolument en concert), le saxophoniste Jowee Omicil, le batteur costaricain Carlomagno Araya ou encore le saxophoniste hispano-vénézuelien Ed Callé, aperçu entre autres aux côtés de Franck Sinatra et Michael Bolton. Fabrice Rouzier est lui aussi de la partie. Ce producteur et instrumentiste qui a son nom sur plus de 250 albums a été le premier à croire au talent de Bélo en produisant "Lakou Trankil".
Artiste complet, il est auteur, compositeur et interprète, Bélo est une « révélation haïtienne » à découvrir.
Egalement à écouter : Lakou Trankil (2005) et si vous cliquez sur l'image, le clip du premier single de l'album "Deblozay".
Extrait : Ayiti Leve