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jeudi 05 mai 2022
ROBIN THICKE - On Earth, And In Heaven (2021)
"On Earth and in Heaven" marque le retour de Robin
Thicke après 7 ans d'absence. Sept ans marqués par la controverse du
hit "Blurred Lines", le drame des tabloïds, les procès, les
mariages brisés, un incendie qui a détruit sa maison et la mort de son
père. Mais aussi un nouveau mariage et trois nouveaux enfants. Après
avoir reconstruit sa vie, Robin Thicke reconstruit sa carrière
(pour rappel, il a été nominé 5 fois pour les Grammy Award).
"On Earth and in Heaven" est une agréable plongée dans la bossa nova, la soul et le R&B. Jusqu'alors je n'avais jamais réussi à écouter un disque de Robin Thicke en entier. De grands morceaux mélangés à une offre beaucoup moins stellaire, le tout donnant des opus incohérents. Ici c'est tout le contraire, la qualité des chansons au service d'un thème global (il chante l'amour de sa femme, sa famille et la naissance de ses enfants), fait de "On Earth and in Heaven" un album des plus cohérent, très agréable à écouter et à réécouter.
Robin Thicke livre ici un disque assez exceptionnel avec onze titres qui offrent des variations de styles vocaux, de tonalités et de tempos pour satisfaire toutes nos envies musicales. On retrouve sur toute la durée du CD, la même musique audacieuse, brillante et turbulente qui a été sa marque de fabrique dans le passé.
Extrait : Lola Mia
Extrait : Beautiful
Extrait : That's What Love Can Do
samedi 30 janvier 2016
FAADA FREDDY - Gospel Journey (2015)
Avare de chroniques au cours de ces derniers mois, il me faut aller
à l'essentiel et vous conter mon coup de coeur de l'année 2015, toutes
catégories confondues. Ce qui m'a interpellé ici, c'est l'originalité du
projet, qui bien qu'elle ne se suffise pas en elle-même, est un élément
important pour qu'un artiste se démarque de ses pairs. Une originalité
au service d'un projet mélodieux et profondément musical.
Prouesse artistique, pour avoir été conçu seulement avec des voix et des percussions corporelles en tous genres, une pure onction vocale entièrement rythmée à l’aide des techniques de beatboxing et "body percus" sans que jamais l'absence d'autres instruments ne se ressente, "Gospel Journey" relève aussi le défi de réinventer des chansons que Faada Freddy, auteur de ce projet atypique et réussi, s'est appropriées.
Celui qui reste en parallèle membre du groupe de hip-hop Sénégalais Daara J Family dont il reprend l’un de leurs titres cultes "Borom Bi", a ainsi puisé dans le répertoire de l'Américaine Grace, de la Camerounaise Irma (cover live), de la Française d'origine comorienne Imany, ou encore de son compatriote Sénégalais Wasis Diop. Un répertoire majoritairement constitué de reprises aux ancrages divers, pop, folk, r’n’b et même punk (cover de "Generation Lost" par Rise Against)…
L’artiste brille dans sa capacité à jouer avec les émotions, à confondre le bonheur et la peine comme sur la sublime version de "Truth" de l’Américain Alexander Ebert. La musique soul est la musique de l'âme, ce que ne dément pas le formidable "Little Black Sandals" de l'Australienne Sia ou encore le très joli et subtil "Reality Cut Me With a Knife" composé par Faada Freddy.
Une curiosité sans bornes, influencée par des grands vocalistes comme Liz McComb ou Bobby McFerrin, rend son album précieux à plus d’un titre. Les références y sont vastes comme le monde : chants zoulous, haka néo-zélandais…
Une musique organique, débarassée de tout instrument, qui s'écoute avec le coeur... sans oublier les oreilles.
Extrait : Letter To The Lord
Extrait : Truth
Extrait : Little Black Sandals
samedi 11 février 2012
BETTYE LAVETTE - Interpretations : The British Rock Songbook (2010)
En 2008 Bettye LaVette interprète la chanson des Who
"Love Reign O'er Me" au Kennedy Center Honors (voir la
vidéo). Pete Townshend aurait avoué avoir été au bord des
larmes en entendant cette version. Cela a constitué le point de départ
d'un album de reprises de classiques du rock anglais. Un des meilleurs
disque soul de ces dernières années.
Et pourtant la reprise de standards est un exercice périlleux. Pas facile de s’attaquer à des monuments sans se contenter d’en faire de pâles copies ou de les massacrer en les dénaturant complètement. Lorsqu’un artiste se lance dans la réinterprétation de classiques du répertoire rock, mieux vaut qu’il ait assez de talent et de présence vocale pour ne pas tourner la chose en ridicule. Mais quand on a la voix, une de ces voix obsédantes de celles qui ne s’oublient pas, le charisme et l’expérience d’une Bettye LaVette, le résultat atteint des sommets. On ne peut que regretter que cette grande dame de la soul, née en 1946 dans le Michigan, n'ait jamais eu la chance d'embrasser la carrière de Tina Turner et d'Aretha Franklin. La vie réserve parfois son lot de déceptions, même si la chanteuse n'a pas à rougir de son parcours.
Avec "Interpretations", on redécouvre 13 classiques passés au filtre d’une orchestration soul/jazz sobre et classieuse, portés par des vocaux vibrants et éraillés. De Pink Floyd aux Who, des Beatles aux Rolling Stones, en passant par la case McCartney, Elton John, Traffic, Moody Blues et autres Led Zeppelin, "Wish You Were Here", "Love Reign O'er Me", "Salt Of The Earth", "Maybe I’m Amazed", "No Time To Live", "Nights In White Satin", "All My Love", "Don’t Let Me Be Misunderstood", "It Don’t Come Easy", sont autant de perles redorées à l’or fin.
Bettye LaVette signe là un album surprenant, culotté, racé, captivant et émouvant. Un nouvel opus hautement recommandé!
Line-up : Bettye LaVette (vocals) - Rob Mathes (acoustic guitar, electric guitar, keyboards, background vocals, solo on "Wish You Were Here") - Shane Fontayne (electric guitar) - Zev Katz (upright bass, electric bass) - Charley Drayton (drums, percussion) - Aaron Heick (alto saxophone) - Andy Snitzer (tenor saxophone) - Jeff Kievit (trumpet) - Mike Davis (trombone) - James "D-Train" Williams , Tabitha Fair, Vaneese Thomas (background vocals).
Additionnal musicians : Kenny Aronoff (drums) & Michael Bearden (hammond B-3, keyboards) on "Love Reign O'er Me".
Egalement à écouter : I’ve Got My Own Hell To Raise (2005).
Extrait : All My Love
Extrait : Nights In White Satin
dimanche 03 avril 2011
IRMA - Letter To The Lord (2011)
Née à Douala et originaire de Bangangté dans l'Ouest du Cameroun, Irma
débarque à Paris en 2003 à l'age de quinze ans, histoire de poursuivre
ses études secondaires. C'est le début d'une nouvelle vie pour
l'adolescente qui découvre les voix de la nu-soul et les chanteurs « à
guitare ». Tout en poursuivant des études de commerce, la chanteuse Irma
Pany vivotait tranquillement et pointait ses maquettes sur MySpace
quand son destin a basculé en un week-end. Postées sur le site
participatif My Major Company, ses chansons emballent pas moins de
quatre cents producteurs virtuels en moins de 48 heures au lieu des cinq
mois prévus par le membre de My Major Company qui l'a découverte et mise
en avant. Une première ! Les fonds (70.000 euros) pour financer la
création de l’album étant réunis, elle prend la direction de New-York
pour enregistrer avec Heny Hirsh, un producteur proche de Lenny
Kravitz, dans une chapelle réaménagée en studio.
Mais le conte de fées a failli mal tourner quand revenue à Paris, la jeune artiste découvre un résultat qui ne la satisfait pas du tout, et décide de tout refaire dans un studio parisien. Débarassées de l'enrobage américain, les chansons de "Letter to the Lord" peuvent s'épanouir dans un registre soul folk plus dépouillé et approprié. Et dès les premières notes, on comprend que la jeune femme n’a pas besoin de grand-chose d’autre que de sa guitare sèche et de sa voix pour faire groover une chanson. La plupart de ses titres sont des ballades qui, toutes, finissent pas monter en puissance avec des ajouts vocaux.
Ce premier album révèle des mélodies sensuelles, des refrains efficaces et un univers intimiste, qui se balade sur la guitare ou la voix. Ses textes sont empreints de son regard sur le monde et, forcément, de ses douleurs toutes personnelles. "Your Guide", par exemple, se moque de ces blasés de la vie qui sont dépressifs avant l’heure, un peu parce que c’est cool. Alors qu’"In Love With The Devil" revient avec quelques violons sur une passion douloureuse et une rupture qui ne l’est pas moins. Si elle est très soul, Irma jongle avec les genres et se fait pop-folk sur "End of The Story", carrément plus dansante pour "Their Truth" et presque funk sur "Mr Love". Avec sa voix feutrée et légèrement voilée, Irma est sans conteste le nouveau talent soul de ce début d’année !
En concert à Bordeaux le samedi 28 mai à 20h30 à la Rock School Barbey Club.
Extrait : I Know
Extrait : In Love With The Devil
dimanche 25 avril 2010
RAUL MIDON / Synthesis (2009)
Raul Midon est un songwriter afro-américain aveugle de naissance au
style inclassable. Une voie chaude et profonde habitée par la soul de
Stevie Wonder (qu'il compte parmi ses fans) capable de reproduire le
timbre d'une trompette ou d'un saxophone mais aussi un talentueux
guitariste.
Synthesis, sorti en novembre 2009, est son troisième album après l'excellent "State of mind" sorti en indépendant en 2005 et "A world within a world" produit par Arif Mardin (Aretha Franklin, Norah Jones) en 2007.
A travers onze chansons, il nous emmène dans son univers soul patinée de folk "Bonnie's song", de blues "Don’t take it that way", de pop "Next generation", de bossa "Everyone deserves a second chance", de reggae "Invisible chains", voire de funk "About you". Sa reprise de "Blackbird" des Beatles tout en apesanteur avec cette fausse "trompette" est extraordinaire.
Pour la petite histoire Raul Midon a commencé sa carrière en tant que choriste pop latino de Shakira, Jennifer Lopez, Christina Aguilera, Julio Iglesias avant de collaborer avec des légendes du jazz telles que Dave Valentin, Dave Samuels, Herbie Hancock.
Ecouter le très bon album de Marcus Miller "A night in Monte-Carlo" qui vient de sortir. Raul Midon y intervient avec classe de même que Roy Hargrove (trompette). Je vous en reparlerai.
Egalement à écouter : State of mind (2005)
Extrait : These Wheels